L'UNIL reconnaît une faute grave mais ne retire pas le doctorat honorifique à Mussolini
"Le Groupe de travail considère que l'octroi du doctorat honoris causa à Benito Mussolini a constitué une faute grave commise par les instances universitaires et politiques d'alors. Ce titre constitue une légitimation d'un régime criminel et de son idéologie. Il recommande dès lors à l'Université de Lausanne de reconnaître et d'assumer cela", affirme-t-il dans un rapport de 29 pages publié vendredi.
Mandaté en septembre 2020 par la direction de l'UNIL, ce Groupe de travail interne de quinze personnes issues des sept facultés et appuyées par plusieurs experts externes a travaillé deux ans sur ce sujet controversé.
Un avertissement permanent
En réponse à ce rapport, la direction réaffirme aujourd'hui clairement qu'en remettant le titre au dictateur italien, "l'Université de Lausanne a failli à sa mission et aux valeurs académiques fondées sur le respect de l'individu et la liberté de pensée".
"Plutôt que renier ou effacer cet épisode qui fait partie de son histoire, la direction de l'UNIL veut qu'il serve d'avertissement permanent sur de possibles dérives idéologiques auxquelles toute personne, institution - à commencer par l'UNIL elle-même - ou société est exposée en tout temps", écrit-elle dans une prise de position publiée sur le site internet de l'UNIL.
Quatre mesures
Le rapport ne recommande d'ailleurs pas de retirer le doctorat. Il propose en revanche quatre mesures: l'ouverture d'un site internet dédié complètement à l'affaire, un fonds annuel pour lancer des projets de recherche ainsi qu'un colloque sur les idéologies fascistes, la création d'un prix de recherche et aussi un atelier de médiation scientifique à destination des écoles et du public.
Pour rappel, le titre honorifique avait été décerné au Duce "pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l'histoire une trace profonde". Mussolini a passé près de deux ans en Suisse au tout début du 20e siècle et il a fréquenté pendant quelques mois la Faculté des sciences sociales et politiques de l'UNIL.
"Retirer ce titre à Benito Mussolini, ce serait l'enlever du débat démocratique"
Interrogé dans le 12h30, le recteur Frédéric Herman a relevé que "retirer ce titre à Benito Mussolini, ce serait l'enlever du débat démocratique, qui est au cœur du fonctionnement de l'université.
"Nous n'avons pas été trop frileux. J'ai déjà reconnu que l'Université avait failli. Le groupe d'expertes et d'experts a étudié la question pendant plus d'une année et demi. Je ne pense pas qu'assumer son passé, reconnaître que c'était regrettable, condamnable est un manque de courage", a-t-il encore déclaré dans le 12h30:
ats/lan