"La Fondation urgences santé (FUS) n'était plus à même de faire face à la situation", a déclaré lundi devant la presse à Lausanne Denis Froidevaux, chef de l'Etat major cantonal de conduite, qui a été mandaté en février dernier par les autorités pour continuer à garantir les missions et les prestations délivrées par la FUS à la population en matière d'urgence et de santé publique, ainsi que pour "restaurer un climat de travail apaisé", dans un contexte de crise remontant à 2017.
Le constat a été "assez difficile", a relevé Denis Froidevaux. "Cela nous a beaucoup inquiétés et surpris." Il a décrit une organisation "dysfonctionnelle", une "absence de vision stratégique", une "rupture dans la communication interne" ou encore "de grandes difficultés" dans le domaine informatique, avec des lacunes au niveau de la maintenance. "Le responsable informatique a quitté ses fonctions au milieu de l'année dernière sans être remplacé."
Le tableau dépeint aussi des conflits internes "extrêmement forts et violents", des collaborateurs "en souffrance" confrontés à des tâches confuses ainsi qu'à des horaires changeants et irréguliers, travaillant dans des locaux "en partie inadaptés". Des personnes n'avaient pas les compétences nécessaires pour leur fonction. L'absentéisme a été aussi élevé lors des trois premiers mois de 2022 que sur l'ensemble de l'année 2021.
Vers un rattachement à l'Etat?
Plusieurs recommandation ont ainsi été émises. Pour commencer, le canton de Vaud recommande une augmentation des effectifs, avec la signature de 17 nouveaux équivalents plein temps pour la Fondation. Autre recommandation phare, le remplacement du chef du 144 et de celui des ressources humaines. Sur le plan opérationnel enfin, quatre postes supplémentaires devraient être créés.
Mais le canton de Vaud ne s'arrête pas là. D'après lui, plusieurs autres mesures sont encore à prendre. Il recommande notamment de rattacher les deux centrales d'appels, la centrale téléphonique des médecins de garde et la centrale d'appels sanitaires d'urgence, à un service de l'Etat. Pour l'instant, la Fondation Urgences santé est en effet privée.
Une refonte en profondeur des équipes de direction s'impose ainsi que l'instauration d'une culture de communication transparente et constructive, affirme encore le canton. Ce dernier souligne aussi l'importance d'adapter les outils informatiques de la fondation.
"On a pas envie de précipiter les choses"
Invitée du 12h30 lundi, Rebecca Ruiz explique d'ailleurs que si ces 18 mois de tutelle peuvent paraître assez longs, ils sont néanmoins nécessaires. "On n'a pas envie de précipiter les choses, cela fait cinq mois que l'Etat-major de conduite a pris les rênes au sein des deux centrales, le 144 et la centrale téléphonique des médecins de garde (...) Il faut qu'on se donne le temps et surtout qu'on évite de nouveaux revirements de situation. Ce serait la pire des choses pour le personnel", explique la ministre en charge de la Santé.
Rebecca Ruiz précise par ailleurs que l'avenir de la fondation n'est pas encore fixé mais qu'il devrait au moins prendre la forme d'un rapprochement avec les structures de l'Etat. "On doit se donner le temps de savoir si les deux centres seront encore liés l'un à l'autre et si on internalise dans un service de l'Etat l'un des deux ou les deux. Ou alors est-ce qu'une des deux centrales se rapproche d'un service de l'Etat, sans l'intégrer, mais en rapatriant ses missions au sein d'un établissement autonome de droit public. Du coup, il y aurait une plus grande proximité avec l'Etat mais sans que ce soit forcément des fonctionnaires aux commandes."
Et la socialiste de rappeler que les missions assurées par le 144 sont avant tout "régaliennes". Elle en veut pour preuve qu'au moment où la situation est devenue ingérable au sein de la Fondation, c'est bien l'Etat qui a dû intervenir. "On est en train de parler de la sécurité sanitaire de notre population et cela fait donc sens que ce soit l'Etat ou une entité très proche qui puisse conduire ces missions", ajoute-t-elle.
"Une situation beaucoup plus stable"
Questionnée également sur la gestion des appels d'urgence, la conseillère d'Etat souligne que "la réponse à l'urgence sanitaire" a "toujours été garantie" dans le canton de Vaud et ce, malgré "les immenses difficultés de la Fondation Urgence santé.
"Les collaboratrices et les collaborateurs de cette fondation privée sont extrêmement dévoués et se sont pliés en quatre pour assurer leur mission", juge-t-elle encore.
Enfin, si Rebecca Ruiz admet que les deux centrales connaissent encore "des fragilités", elle estime que l'Etat-major de conduite a réussi à rendre la situation beaucoup "plus stable" et "beaucoup plus apaisée".
Propos recueillis par Yves Zahno
Adaptation web: ther avec ats