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Eric Cottier quittera son poste de procureur général vaudois en fin d'année

Eric Cottier quittera ses fonctions fin 2022. [Keystone - Laurent Gillieron]
Le procureur général vaudois Eric Cottier démissionne / Le Journal horaire / 25 sec. / le 29 juin 2022
Une page va se tourner pour la justice vaudoise: le procureur général du Canton de Vaud Eric Cottier quittera ses fonctions le 31 décembre 2022, a annoncé mercredi le Ministère public. Il était en poste depuis le 1er septembre 2005.

Eric Cottier a fait connaître mardi au Grand Conseil sa décision de quitter ses fonctions à la fin de l'année, a précisé le Ministère public. Magistrat à la forte personnalité et à la voix qui porte, procureur général pendant 17 ans, il partira à la retraite à l'âge de 64 ans. Il dit quitter sa charge "l'esprit serein, libéré du souci de ne pas quitter l'institution dont l'Etat lui avait confié les commandes dans une zone de trop fortes turbulences".

"L'idée de partir à la fin de la législature 2018-2022, je l'avais à l'esprit depuis 4 à 5 ans", a-t-il confié mercredi à l'ATS. Seule hésitation: l'envie d'accompagner la mise sur pied du Conseil de la magistrature, nouvelle entité qui devrait démarrer le 1er janvier 2023 et qui lui tient à coeur. "Mais il aurait fallu prolonger mon mandat d'un temps certain", constate-t-il.

Pour ce Conseil de la magistrature, le Grand Conseil a décidé de jouer la stabilité en maintenant en place ses deux adjoints durant une phase transitoire, jusqu'à fin 2024.

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Un rôle devenu celui d'un chef de service

Eric Cottier a occupé de nombreux postes dans l'Ordre judiciaire vaudois, pendant une durée totale de 40 ans. Après sa licence en droit en 1979, il a d'abord été greffier, puis substitut du procureur général Jean-Marc Schwenter, son prédécesseur, de 1984 à 1991. Il a ensuite présidé un tribunal de district, puis a accédé au Tribunal cantonal.

Une fois devenu procureur général, le 1er septembre 2005 à 46 ans, il a été amené à conduire la réorganisation du Parquet vers une nouvelle structure susceptible de répondre à la nouvelle procédure pénale unifiée en Suisse. De 2007 à 2010, il s'est "profondément engagé au sein des groupes de travail mis sur pied par le Canton", détaille le communiqué du Ministère public.

Sur le plan pénal, ces réformes prévoyaient notamment la réunion en mains du seul Ministère public des compétences des juges d'instruction (l'enquête) et des représentants du Parquet (le rôle accusatoire). Son travail a dès lors aussi "énormément changé", remarque-t-il. S'il dirigeait une quinzaine de personnes au départ, il a désormais plus de 200 collaborateurs sous sa responsabilité, ce qui l'a amené à assumer de plus en plus un rôle de chef de service.

Plusieurs procès très médiatisés

Assassinat de Marie par Claude D., affaires Ségalat et Légeret: Eric Cottier a représenté l'accusation dans les procès les plus médiatisés de ces dernières années. Des affaires inévitablement chargées d'émotion. "Mais au moment de la décision, un magistrat doit évacuer cette émotion", explique-t-il.

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La grande réforme de la procédure judiciaire l'a toutefois tenu un peu plus éloigné des affaires judiciaires, mais il reconnaît avoir aimé conduire des projets, piloter des changements. "Cela me plaisait bien. Je n'ai pas été malheureux de m'en occuper, mais si je repartais pour dix ans, j'aurais envie de traiter plus de dossiers juridiques", analyse-t-il, avec le sentiment que son ou sa successeure pourrait "faire les choses différemment".

Eric Cottier s'est également engagé sur le plan national en étant membre durant près de quinze ans du bureau de la Conférence des procureurs de Suisse. Il a aussi fait partie du comité de la Société suisse de droit pénal, qu'il a présidée de 2012 à 2015.

Tenté par l'écriture

Questionné sur ses projets de retraite, il répond qu'il va l'occuper à passer du temps avec des proches, ainsi qu'à quelques activités comme la lecture, les voyages et l'écriture, où il a laissé quelques projets en plan. "Je me suis amusé à écrire dans le domaine de la fiction. Pas nécessairement pour une publication", glisse-t-il."C'est assez séduisant. Je me réjouis".

ats/vic

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Intraitable avec les militants du climat

Eric Cottier a récemment été critiqué à gauche de l'échiquier politique pour sa ligne conservatrice ou encore son manque d'intérêt pour la cause climatique.

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Fin janvier, dans une chronique, la présidente du PS Vaud et députée au Grand Conseil Jessica Jaccoud s'en était prise à lui, réclamant du "sang neuf". Elle revenait sur l'acquittement (total ou partiel) des zadistes du Mormont, alors que le procureur réclamait une condamnation. La députée l'enjoignait à "tirer les leçons de ses erreurs" et à "révoquer" les ordonnances pénales pesant sur les autres zadistes.

Critiques jugées "inacceptables"

Eric Cottier, affilié au PLR sans être un membre actif du parti, avait répliqué quelques jours plus tard en envoyant une lettre à tous les députés du Grand Conseil. Il y invoquait une menace sur l'indépendance de la justice et critiquait la vision qu'il jugeait "fausse" de Jessica Jaccoud sur l'activité du Ministère public

Interrogé à nouveau sur cette polémique, Eric Cottier a rappelé qu'il appliquait la loi et répété qu'à son sens, il était "inacceptable" qu'une députée, vu son statut, lui demande de l'appliquer autrement. Mais "cela ne hante pas mes pensées", a-t-il conclu en relativisant l'incident.