François Monthoux vient tous les jours depuis un mois au bord du Toleure, entre Bière et Saubraz (VD), avant que la rivière ne se jette dans l'Aubonne. Il y façonne, les pieds dans l'eau, la cité de ses rêves à l’orée du bois.
"Ça c’est le quartier du port, il est plus près de l'eau. En montant, on a une ville plus luxueuse, plus noble ou plus religieuse, avec la cathédrale", explique cet artiste vagabond, poète féru d’histoire médiévale, dans le 12h45 de la RTS.
L’avancement de la citadelle se fait d’un bâtiment à l’autre: "Je fais un pont et en face, il faut un passage. Il y a aussi un mur, parce que c'est une ville fortifiée sur un rocher. Donc dans ce mur, il faut une porte. De terrasses en tours, en ponts, la ville s'étend".
"C'est quelque chose de magique"
"J'adore, je resterais des heures à regarder tous les détails, c'est quelque chose de magique", s'émerveille une promeneuse.
Tout est fait main. La matière première, l'argile, se trouve directement dans la rivière. Francois Monthoux n’a qu’à se baisser pour en trouver. Pour garder sa forteresse, l’artiste Birolan a conçu deux personnages tirés du tarot: l’Ermite et le Fou.
"Le Fou est protégé de la raison"
"Je m'identifie assez au Fou, parce que j'ai cette sensation que, quand une idée naît, le plus gros danger pour cette petite chose, c'est la raison. Le Fou, c'est le symbole de celui qui est complètement protégé de la raison. Lui, il voit une petite fleur, un papillon, il court après. Toutes les idées naissent en lui et prennent directement parce qu'elles sont toutes protégées de la raison".
L'artiste fait preuve d'un imaginaire débridé, que seules les intempéries viendront doucher. "Quand la pluie détruira peut-être trop la ville, ma motivation tombera, et la raison reviendra", note placidement François Monthoux. "Je me dirai que ce n'est plus raisonnable de construire une tour alors que le lendemain elle sera détruite. Et donc la raison l'aura emporté sur le fou"
Cette cité d’argile fragile est donc à voir vite, avant l’orage, quelque part entre Bière et Saubraz.
Cécile Durring/oang