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Adèle Thorens: "2023 sera une opportunité pour la gauche vaudoise de récupérer deux sièges aux Etats"

Les raisons de la fin d’une carrière politique suisse après 20 ans: interview d’Adèle Thorens (vidéo)
Les raisons de la fin d’une carrière politique suisse après 20 ans: interview d’Adèle Thorens (vidéo) / Forum / 8 min. / le 16 août 2022
La conseillère d'Etat vaudoise Adèle Thorens Goumaz quittera la politique fédérale en fin de législature pour se consacrer à "un nouveau chapitre dans sa vie". Invitée mardi dans Forum, elle explique néanmoins que son combat pour l'environnement ne s'arrête pas avec sa carrière politicienne.

À 50 ans et vingt années passées en politique, dont seize à l'échelon fédéral, Adèle Thorens a officialisé mardi sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat à l'issue de la législature.

>> Lire : La conseillère aux Etats vaudoise Adèle Thorens ne se représentera pas en 2023

"J'ai fait ce que je pouvais faire, ce que j'avais envie de faire et ce que je pensais devoir faire en politique", résume-t-elle mardi soir dans l'émission Forum de la RTS. "Je pense globalement que c'est une bonne chose de ne pas s'endormir dans une fonction et s'y accrocher le plus longtemps possible. À un moment, on doit décider d'arrêter."

Aux Etats, une "autre façon de travailler"

L'élue écologiste raconte avoir déjà "beaucoup hésité" à se représenter en 2019. "Je m'étais fait les mêmes réflexions que maintenant, finalement décidé d'y aller encore une fois, probablement pour une dernière législature" au Conseil national. La Vaudoise explique que son élection surprise au Conseil des Etats l'a ensuite poussée à "reprendre la réflexion".

Après une phase d'adaptation un peu compliquée, lors de laquelle il a fallu "s'apprivoiser entre collègues" - un processus rendu encore plus compliqué par le Covid-19 -, Adèle Thorens dit avoir particulièrement apprécié son expérience de sénatrice. "Le Conseil des Etats, c'est une autre façon de travailler, qui m'a très bien convenu. C'est un travail un peu moins partisan. On est moins dans la confrontation, on se connaît mieux. Mais ça reste un travail de parlementaire fédérale".

Vers d'autres instruments, d'autres leviers

Malgré cette expérience positive aux Etats, sa volonté de tirer la prise n'a finalement pas changé. "Je suis quand même arrivée à la conclusion que 16 ans au Palais fédéral, c'est bien, et que je peux maintenant me consacrer à d'autres instruments pour promouvoir l'environnement et le climat. Parce que ça, ça ne va pas changer", annonce-t-elle.

Dans une interview accordée mardi au quotidien 24 Heures, elle détaille: "Pour moi, la politique n'est pas une fin en soi, mais un levier. Et désormais je ressens le besoin d'utiliser d'autres leviers" pour faire progresser les causes qui lui tiennent à coeur.

Celle qui fut également conseillère communale à Lausanne confirme encore dans Forum qu'elle souhaite se réorienter vers la formation ou la recherche dans les Hautes écoles, sans avoir encore de projet précis derrière la tête. "Je n'ai pas d'agenda caché, tout est ouvert. Et je ne serai vraiment disponible que dans 15 mois. Ce n'est pas tout à fait demain!"

Je n'ai pas d'agenda caché, tout est ouvert. Mais je ne serai vraiment disponible que dans quinze mois.

Adèle Thorens Goumaz

Pierre-Yves Maillard, une opportunité pour la gauche

Et alors que cette annonce semble ouvrir une voie royale au socialiste Pierre-Yves Maillard, l'écologiste réfute avoir été intimidée par la candidature d'un tel poids lourd de la gauche, officialisée le 25 juin dernier. "Ma décision était prise depuis un certain temps. Et c'est aussi une chance: avec un tel candidat, on peut imaginer récupérer la situation qui était celle de Luc Recordon et Géraldine Savary, avec deux personnalités de gauche au Conseil des Etats. Les Verts sont aujourd'hui dans une position de force, tout est possible", souligne-t-elle.

Chez Les Vert·e·s, la question de la réattribution de son siège en octobre 2023 se pose désormais (lire encadré). Le parti annonce qu'il va "communiquer prochainement" sur le processus interne. "Il y a beaucoup de candidatures possibles", salue Adèle Thorens. Et d'ajouter qu'à titre personnel, elle "préférerait qu'une femme soit candidate".

>> Regarder aussi le portrait d'Adèle Thorens dressé dans le 12h45 de la RTS mercredi :

Après 20 ans de politique, dont 16 ans au niveau national, Adèle Thorens quittera le Conseil des États.
Après 20 ans de politique, dont 16 ans au niveau national, Adèle Thorens quittera l'année prochaine le Conseil des États / 12h45 / 1 min. / le 17 août 2022

Propos recueillis par Mehmet Gultas
Texte web: Pierrik Jordan avec ats

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Les Verts s’affaibliront-ils au Conseil des Etats?

En annonçant son départ, Adèle Thorens pourrait condamner le fauteuil écologiste vaudois. A gauche, Pierre-Yves Maillard est bien décidé à reprendre la place perdue par le PS en 2019. Et d’autres poids lourds de la politique se profilent à droite.

A Neuchâtel aussi, les socialistes pourraient sortir l’artillerie lourde et mettre en danger le siège Vert de Céline Vara: le nom de l’ancien conseiller d’Etat Jean-Nat Karakach se murmure déjà dans les couloirs.

Les Verts font face à un enjeu important. En passant de 1 à 5 sièges à la chambre des cantons en 2019, ils ont acquis un argument de taille pour revendiquer une place au Conseil fédéral. Il leur faut maintenant prouver qu'ils restent une force importante dans les deux chambres du Parlement fédéral. Dans cette perspective, perdre des sièges aux Etats pourrait s'avérer une mauvaise opération.

>> Les explications dans La Matinale :

La Verte vaudoise Adèle Thorens ne briguera pas un second mandat au Conseil des Etats. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Les Verts s’affaibliront-ils au Conseil des Etats après le départ d'Adèle Thorens? / La Matinale / 1 min. / le 17 août 2022

Mais les écologistes ne se montrent pas inquiets pour l'instant. Pour la vice-présidente du parti Isabelle Pasquier-Eichenberger, les dernières élections fédérales ont prouvé que la population attend du changement.

>> Ecouter son interview dans La Matinale :

Isabelle Pasquier-Eichenberger. vice-présidente des Verts. [Keystone - Christian Merz]Keystone - Christian Merz
Les Verts vont-il conserver leurs sièges aux Etats? Interview d'Isabelle Pasquier Eichenberger / La Matinale / 1 min. / le 17 août 2022

>> Voir aussi le sujet du 19h30 :

Les Verts sont fragilisés dans le canton de Vaud à l'approche des élections fédérales
Les Verts sont fragilisés dans le canton de Vaud à l'approche des élections fédérales / 19h30 / 2 min. / le 17 août 2022