Frédéric Borloz dit "comprendre les inquiétudes" face à ce "nouveau mode de fonctionnement" impulsé par sa prédécesseuse Cesla Amarelle. Mais, selon le magistrat, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, et ce pour plusieurs raisons.
En premier lieu, la transition avance en partenariat avec les enseignants, "sondés régulièrement et dont les avis sont pris en compte". Ensuite, la formation (des enseignants, ndlr) a été assurée par l'EPFL. "On a affaire aux meilleurs experts dans le canton de Vaud", affirme-t-il. Et l'UNIL s'est chargée de son côté de l'évaluation du projet. "Je ne sais pas très bien ce qu'on peut faire de mieux comme évaluation", soutient Frédéric Borloz.
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Du reste, le numérique n'est pas intégré dans le cursus des tout petits. Quant aux tablettes, Frédéric Borloz souligne qu'elles ne sont pas connectées les premières années. Enfin, il n'y en a qu'une pour quatre à cinq élèves. "Cela incite les jeunes à travailler de manière collective", certifie-t-il.
Rythme soutenable
En bref, "tout a été mis en place pour être fait calmement, mais aussi sérieusement". Pas question, donc, d'aller dans le sens des pétitionnaires, qui demandent un moratoire sur le projet d'éducation numérique. Au contraire, il faut "continuer sur la lancée", affirme Frédéric Borloz, alors qu'un tiers des élèves suivent déjà le cursus numérisé.
Il ajoute que le rythme de déploiement doit rester raisonnable et en collaboration avec les enseignants. Les objectifs ne seront pas atteints au prix d'une pression mise sur les classes, assure l'élu libéral-radical. Le magistrat insiste par ailleurs sur ce point: le but est de préparer les enfants au monde digitalisé.
On apprend aux jeunes à profiter du numérique et non pas à le subir.
Actuellement, quelque 20'000 enfants suivent déjà ces cours 2.0. La transition complète doit être achevée d'ici 2026. A moins que le Grand Conseil décide de donner raison aux pétitionnaires en gelant l'avancée du numérique dans les écoles vaudoises.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Antoine Michel
Encadrés: sujets de Léa Bucher et d'Emilien Verdon
L'Association des parents d'élèves ne soutient pas la pétition
L’Association vaudoise des parents d’élèves, elle, ne signera pas cette pétition. Pour sa secrétaire générale, Christine Müller, le projet du gouvernement semble pertinent, car "il ne s'agit pas de mettre les enfants derrière un écran toute la journée". Elle souligne que la formation au numérique se déroule parfois de manière "débranchée" et que les livres et autres manuels ne seront pas de sitôt remplacés. Elle pointe également la nécessité de rendre attentifs les jeunes "à une surconsommation des écrans", une prévention qui doit commencer dès le plus jeune âge.
Le numérique en débat dans d'autres cantons romands
Dans les autres cantons romands, les points de vue des enseignants vis-à-vis du numérique ne sont pas unanimes. A Fribourg, où plusieurs communes ont introduit la tablette dans les classes, le retour est "positif pour les endroits qui ont déjà une utilisation assez large", selon Claire Spring, coprésidente de la Société pédagogique fribourgeoise francophone, qui ajoute que "cela demande de s'adapter au niveau du fonctionnement dans les classes."
Le canton doit se prononcer lors d'un référendum sur un crédit de 75 millions pour équiper chaque élève d'un ordinateur. Cette proposition, qui accélérerait la transition digitale, fait évidemment débat.
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Garder le "classique crayon-papier"?
A Genève, les enseignants sont partagés, relève David Fernex, membre du bureau de la Fédération des Associations des Maître-sse-s du Cycle d’Orientation.
"Il y a des enseignants qui voient un gros potentiel de la tablette comme outil, pour par exemple enseigner l'histoire. Certains enseignants pensent qu'il y a des choses à faire et d'autres qu'on est beaucoup plus pertinent sur un classique crayon-papier", détaille-t-il.
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Au bout du lac, le Grand Conseil a donné suite à une pétition de l'association "Réfléchissons à l’usage du numérique et des écrans", ce qui bloque un crédit de 9 millions destiné à l'éducation numérique.