A la tête du Département des finances et de l'agriculture du canton de Vaud depuis presque quatre mois, Valérie Dittli prend petit à petit la mesure de la tâche qui est désormais la sienne. Mercredi dans La Matinale de la RTS, elle a confié avoir eu "des moments durs" depuis son entrée en fonction, mais aussi des "moments très positifs".
"La charge est grande, mais j'ai beaucoup de motivation. Je découvre plein de choses et c'est encore beaucoup actuellement, donc je me réjouis du moment où tout cela deviendra une habitude", explique la jeune femme, qui a récemment fêté son trentième anniversaire.
Pour tenir le choc face à l'ampleur gigantesque du travail de conseillère d'Etat, la native d'Oberägeri (ZG) entend se "réserver des petits moments pour soi-même" avec ses amis et son compagnon. "C'est quelque chose d'important pour moi, d'avoir un peu de temps à disposition", précise-t-elle.
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Le budget, premier examen de passage
Début septembre, Valérie Dittli a passé son premier grand oral en présentant le budget cantonal 2023, qu'elle a qualifié de "prudent et mesuré". La droite vaudoise l'a accueilli tièdement, tandis que la gauche l'a trouvé timide et sans grandes ambitions.
"Personnellement, je trouve que c'est un bon budget", commente la grande argentière, qui souligne que comme "personne n'est vraiment content", c'est probablement le signe d'un bon compromis.
Mais a-t-elle pu mettre sa patte sur ce processus budgétaire qui a commencé bien avant son arrivée? "J'ai voulu faire quelque chose en lien avec l'actualité, en particulier avec les primes maladie qui augmentent, en mettant plus d'argent à disposition pour les subventions. On a aussi ajouté une nouvelle déduction pour les primes. L'augmentation de la déduction pour les frais de garde, pour mieux concilier la vie professionnelle et la vie familiale, était aussi importante pour moi", rappelle-t-elle.
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Seule contre/avec tous
La plus jeune conseillère d'Etat du canton de Vaud doit composer avec un Grand Conseil sans membre de son propre parti. Cette situation particulière pourrait être un véritable frein pour ses projets au sein du gouvernement. Mais Valérie Dittli ne s'en fait pas pour autant: "Je peux vraiment compter sur des gens, peu importe la couleur politique, parce que finalement, ce qui compte, ce sont les idées", affirme-t-elle.
Il faut dire que Valérie Dittli essaie de ratisser large, dans la lignée du ticket de centre-droit qui lui a permis d'être élue. Sa proximité avec l'UDC - pour avoir participé aux séances du groupe du Grand Conseil - a notamment fait l'objet d'une boutade récemment parmi les politiciens, droite comprise: "une centriste zougoise, ça vaut bien un UDC vaudois!".
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Interrogée à ce sujet, elle ne se démonte pas: "J'aime bien comparer les partis et les différences intercantonales. Mais je trouve que le Centre zougois est plutôt proche du PLR vaudois, alors que ce dernier n'est pas forcément proche du PLR de Zurich. Moi, je suis une centriste pure et dure."
Dans La Matinale, Valérie Dittli se dit aussi proche des Vert'libéraux, considérés avec leurs 13 députés comme les arbitres du Grand Conseil, à l'image de la "stratégie vélo", validée en premier débat. "Je pense qu'on est très proches et ça me ferait plaisir d'être contactée par eux. Leurs idées sont super proches, voire identiques, avec le Centre", déclare-t-elle.
Propos recueillis par Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Jérémie Favre
Une histoire de famille
Pour la première fois en Suisse depuis l'élection en octobre au Conseil d'Etat zougois de Laura Dittli, 31 ans, deux soeurs siégeront simultanément dans des gouvernements cantonaux. "Cela peut être un super avantage pour échanger sur les sujets lors des conférences intercantonales, ou même sur des sujets qui concernent les deux cantons", estime Valérie Dittli.
Les deux soeurs ont grandi dans le village d'Oberägeri, 6300 habitants, où vit également le président du Centre et conseiller national Gerhard Pfister. Alors comment un village de cette taille a-t-il pu fournir autant de politiciens et de politiciennes de haut rang à la Suisse? "Je ne sais pas, mais je pense que pour ma soeur et moi, c'est lié à notre éducation. Nous n'avons pas peur de prendre des responsabilités", explique Valérie Dittli.