Ouvert cette année dès le 1er novembre, soit un mois plus tôt que d'habitude, le Répit a été "sursollicité", indique la Fondation Mère Sofia, qui gère la structure à Lausanne. Dans un message posté sur Facebook, elle ajoute que "la sécurité physique et psychique de l'équipe et des usagers.ères n'était plus garantie".
La directrice de la Fondation, Véronique Eichenberger, reconnaît que "la pression de la rue était trop forte". Selon elle, fermer la structure était "la dernière et seule option possible".
La Ville de Lausanne réagit
Pour laisser le site ouvert, la Ville de Lausanne dit avoir "mobilisé des ressources exceptionnelles". Elle a notamment fait appel à la Protection civile et à un veilleur pour maintenir cette structure d'accueil. Deux prestataires externes, pour la sécurité de nuit et le nettoyage, ont aussi été engagés.
Les deux premières nuits avec ce nouveau dispositif ont permis d'accueillir environ 70 et 100 personnes et se sont déroulées "sans aucun incident", relève la Ville de Lausanne dans son communiqué.
Nouvelles places dès jeudi
La Fondation Mère Sofia espère toutefois reprendre rapidement la gestion du Répit, une prestation financée par la Ville. "Nous prenons ces quelques jours pour réfléchir et adapter nos conditions d'accueil à la situation générale", indique Véronique Eichenberger.
De son côté, la Ville de Lausanne note que "ce dispositif exceptionnel" sera maintenu jusqu'au 1er décembre, date à laquelle la Ville va renforcer son offre d'hébergement à l'entrée de l'hiver.
Ce sont ainsi 42 places supplémentaires, financées par le Canton, qui ouvriront à la rue de la Borde. Elles s'ajouteront, avec celles du Répit à la rue St-Martin, aux 108 places d'hébergement d'urgence existantes à l'année.
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"Une crise plus large"
En réaction aux problèmes rencontrés au Répit, le collectif 43m2 a dénoncé cette situation, et plus globalement "une crise plus large" de l'hébergement d'urgence à Lausanne. "Il est urgent de mettre le sans-abrisme au coeur des préoccupations politiques et budgétaires du Canton de Vaud", écrit-il dans son communiqué.
Ce collectif, qui avait installé cet été des campements sauvages à Beaulieu puis dans les jardins de la Haute école de travail social, estime que les autorités n'ont toujours pas pris conscience du problème. "La crise bat son plein, une structure d'accueil clé se vide de ses travailleur.euses et aucune proposition de rencontre n'a été soumise, aucun agenda politique clair ne se dégage", souligne-t-il.
"Manque de vision" des politiques
Elodie Lopez, députée Ensemble à Gauche au Grand Conseil vaudois, suit beaucoup la question de l'accueil de sans-abris dans le canton de Vaud. Interrogé dans l'émission Forum de la RTS, elle trouve cette fermeture "désolante", mais regrette que le problème de la saturation des lieux d'accueil, "connu de longue date", n'ait pas eu de réponses politiques claires.
En plus du manque de places et de l'augmentation inédite de la demande, "il y a un manque de vision, notamment au niveau cantonal, d'une politique sociale du logement", un "vrai décalage entre la politique et le terrain". Les réponses des autorités sembleraient venir d'une "autre planète", d'après la députée vaudoise.
ats/oang