Ces situations ont été signalées lors d'une enquête réalisée le printemps dernier par la Fondation pour la recherche en sciences sociales (FORS). Elle a été menée auprès de 3558 personnes, soit 17% de la communauté académique.
En tout, ce sont 148 actes physiques non désirés et pénalement répréhensibles qui ont été mentionnés. Outre les quatre viols, 42 situations d'attouchements à caractère sexuel et 102 gestes déplacés sont notifiés dans le rapport.
"Les femmes rapportent systématiquement avoir subi plus de comportements de harcèlement sexuel que les hommes", soulignent les auteurs du rapport. Cela vaut pour les "blagues" sur le sexe ou l'orientation sexuelle (38% de femmes concernées - 27% d'hommes), les regards insistants ou déplacés (22% - 5%) et les comportements ou critiques sur l'apparence physique (20% - 8%).
Profil des auteurs
Les auteurs de harcèlement sexuel sont, concernant les employés de l'Unil, majoritairement des personnes dans une position hiérarchique plus élevée. Pour les actes commis envers les étudiants, ce sont en majorité d'autres étudiants qui sont signalés, suivi par les enseignants.
Toutefois, rapportés à la taille des différentes populations de l'Unil, les résultats indiquent que le pourcentage d'auteurs parmi les enseignants est plus élevé que celui au sein des étudiants.
Nouveau dispositif en 2023
Les situations de harcèlement psychologique ont aussi été analysées. Il en ressort que les membres du personnel sont les plus touchés, notamment dans le cadre de communication avec des collègues. Les disparités de genre sont à nouveau présentes, les femmes rapportant plus souvent ce genre de situation.
Cités dans le rapport, la direction de l'Unil et le Bureau de l'égalité se disent "vivement préoccupés par la fréquence et la gravité des actes de harcèlement rapportés." Les conclusions sont certes "comparables" à d'autres établissements similaires, mais restent "inadmissibles et indignes".
L'Unil affirme s'engager à prendre "des mesures concrètes" pour soutenir les victimes et effectuer un suivi régulier du climat au sein de l'Universtié. Elle prévoit, pour le début de l'année prochaine, "le lancement d'un dispositif réformé de lutte contre le harcèlement et les discriminations", mais aussi le recrutement de plusieurs spécialistes du domaine.
L'objectif consiste notamment à renforcer la prévention, visibiliser les ressources à disposition, libérer la parole des victimes ou encore "rétablir une confiance chancelante en l'institution."
Plus de stress pour les femmes
Les femmes de l'Unil évaluent également moins favorablement l’impact du travail universitaire sur leur santé physique et psychique, et rapportent un niveau de stress plus élevé que les hommes.
Indépendamment du genre, les étudiants et étudiantes expriment un score de bien-être en dessous de la moyenne globale. De même, les personnes non-cisgenres, non-hétérosexuelles, racisées ou vivant avec un handicap vivent plus de situations de discrimination que les personnes appartenant aux groupes majoritaires correspondants.
furr avec ats
Le recteur de l'Unil Frédéric Herman appelle à un "changement de culture"
Le recteur de l'Unil Frédéric Herman se dit "fâché" jeudi dans Forum. "Ce sont des faits qui sont inadmissibles", déclare-t-il. Il souligne le besoin d'"un changement de culture", pour laquelle son institution a déjà mis en place une série de mesures.
Concernant les quatre viols mis en évidence par l'étude, Frédéric Herman indique souhaiter dialoguer avec les personnes concernées. Mais, l'enquête étant anonymisée, il est impossible en l'état pour l'Université d'entrer directement en contact avec les victimes présumées.
Le recteur rappelle donc la possibilité de déposer une plainte pénale auprès de la police ou de parler aux personnes de confiance mandatées par l'Unil dans le cadre de son dispositif contre les violences sexuelles. "Ces personnes sont là pour accueillir, pour entendre et surtout soutenir dans d'éventuelles démarches comme le dépôt d'une plainte pénale ou solliciter la direction pour l'ouverture d'une enquête administrative", explique Frédéric Herman.