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Accusé d'homophobie, l'idéologue Alain Soral risque 3 mois de prison à Lausanne

Condamné pour homophobie, l'essayiste Alain Soral plaide l'acquittement devant le Tribunal de police de Lausanne
Condamné pour homophobie, l'essayiste Alain Soral plaide l'acquittement devant le Tribunal de police de Lausanne / 19h30 / 1 min. / le 14 décembre 2022
Le procureur général vaudois Eric Cottier a requis mercredi trois mois de prison contre l'essayiste franco-suisse d'extrême droite Alain Soral pour homophobie. Devant le Tribunal de police de Lausanne, la défense a, elle, plaidé l'acquittement. Verdict vendredi.

Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 64 ans et domicilié à Lausanne depuis octobre 2019, était jugé pour diffamation et pour discrimination ou incitation à la haine à l'encontre d'une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures ayant publié un article à son sujet en août 2021.

Ce procès faisait suite à une ordonnance pénale du Ministère public au printemps dernier, contre laquelle l'écrivain, journaliste et éditeur s'était opposé. Eric Cottier a donc confirmé le dispositif de cette sanction dans son réquisitoire, le dernier avant son départ à la retraite à la fin de l'année.

>> Lire : Alain Soral condamné à trois mois de prison ferme pour homophobie par la justice vaudoise et Eric Cottier quittera son poste de procureur général vaudois en fin d'année

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Dans une vidéo publiée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation (E&R) en réaction à l'article, Alain Soral avait notamment traité la journaliste de "grosse lesbienne" et "militante queer", insinuant que ce dernier terme voulait dire "désaxé". Celle-ci avait déposé une plainte pénale en septembre 2021. L'accusation a qualifié ce discours d'homophobe.

"La Suisse n'est pas la Soralie"

"Le but visé de la vidéo était d'atteindre personnellement la journaliste par rapport à son orientation sexuelle et de susciter des sentiments de haine et de mépris", a déclaré le procureur général. "M. Soral a enfreint la loi, la décision du tribunal peut-être exemplaire et une première en Suisse (...) "La Suisse, ce n'est pas la Soralie", a-t-il affirmé.

Eric Cottier faisait référence à une nouvelle disposition du Code pénal (art. 261 bis), approuvée par le peuple en février 2020. Elle permet de sanctionner la propagation de la haine ainsi que les appels à la discrimination ou à la violence fondés sur l'orientation sexuelle, à l'instar des discriminations visant l'ethnie, la religion ou l'origine depuis la norme antiraciste introduite en 1995.

"Il y a une arrogance, un mépris, un égocentrisme et une absence totale d'empathie, pas le plus petit des regrets" chez Alain Soral, a aussi relevé le procureur. Il a justifié la peine ferme, sans sursis, dans une "logique pénale" pour dissuader le pamphlétaire de récidiver, lui qui a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions liées à la provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.

>> Le compte-rendu du procès dans l'émission Forum :

Le procès du polémiste d'extrême droite Alain Soral s'est ouvert à Lausanne
Le procès du polémiste d'extrême droite Alain Soral s'est ouvert à Lausanne / Forum / 2 min. / le 14 décembre 2022

"Procès d'inquisition"

De son côté, la défense a évoqué une affaire qui prend "des allures de procès d'inquisition". L'avocat d'Alain Soral, Pascal Junod, a réfuté la diffamation. "Le Minsitère public se trompe, les mots utilisés dans la vidéo n'étaient pas dépréciatifs. Il s'agit de considérations factuelles" mal interprétées, a-t-il argumenté. "C'était peut-être virulent sur le ton mais pas sur le fond".

Pour l'avocat, l'article de la journaliste "n'était pas modéré, il était même mensonger, un article miltant et politique". Il a aussi rappelé, comme Alain Soral lui-même, la violence exercée contre son client, les campagnes de dénigrement systématiques de la part des médias, l'acharnement de la communauté LGBT qui lui est hostile, les injures et menaces dont il est souvent victime. L'avocat a l'acquittement de tous les chefs d'accusation.

Très affectée psychologiquement

L'avocat de la journaliste, Etienne Campiche, a, lui décrit un "acte courageux" de vouloir porter plainte pour qu'"à l'avenir ce type d'attaque réduisant une personne à son orientation sexuelle ne se reproduise plus". C'est un cri du coeur et non un plaidoyer politique, a-t-il résumé. La journaliste a été très affectée psychologiquement par les propos d'Alain Soral.

"J'ai été frappée par la mise en scène de la vidéo avec ma photo en grand et choquée par les commentaires haineux qui sont restés sous ma photo, sans modération. Cela m'a fait prendre conscience des effets de l'incitation à la haine, à mon encontre et par ricochet à l'encontre de la communauté LGBT", a-t-elle expliqué.

Conciliation refusée

Au cours de l'audience, la présidente du tribunal Malika Turki a proposé aux deux parties une conciliation, qui a été refusée par la plaignante. "Le mal est déjà fait. Je laisse la justice trancher", a dit la journaliste. Alain Soral s'est néanmoins engagé à retirer immédiatement la vidéo du site internet.

Il a admis une réaction" agacée, excédée voire vindicative" ainsi que "des mots violents et inélégants" au lieu d'être "plus littéraires et intellectuels". Il a aussi rappelé qu'à l'époque, il était "psychologiquement fragile" en raison de deux opérations à venir contre un cancer.

Le verdict est attendu vendredi à 17h00.

ats/cab

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