Après plusieurs rebondissements, le débat sur la révision de la loi sur l'énergie a enfin trouvé son issue. Malgré un ultime plaidoyer du député PLR Guy Gaudard, le plénum a refusé mardi d'exclure les chauffages décentralisés, à savoir les radiateurs branchés directement sur le courant.
Électricien de métier, l'élu libéral-radical avait obtenu - à une voix près - qu'ils soient épargnés, à l'aide d'un amendement inattendu lors du premier débat. La gauche avait été scandalisée, rappelant que les chauffages décentralisés représentent environ 80% de la consommation dans le canton.
Dérogations prévues au cas par cas
Mardi, l'hémicycle s'en est tenu à la version du deuxième débat adoptée sur proposition du Vert'libéral David Vogel, soit le retour au projet initial du Conseil d'Etat et l'interdiction de tous les chauffages électriques.
Les députés ont également confirmé le délai de 2033, prolongé de deux ans pour donner le temps aux propriétaires de se mettre en conformité. De 16'000 à 20'000 logements seraient concernés.
Par ailleurs, des dérogations sont prévues pour prendre en compte l’âge et l’état de santé des personnes concernées, dans les règles de la proportionnalité. Et environ trois millions de subventions sont prévues pour aider les propriétaires qui n'arriveraient pas à assumer ces coûts, a rappelé le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos.
Au moins 10% d'économie
Les différents articles ont été votés de manière moins serrée que lors des débats précédents. Au final, le projet de loi et de décret a été accepté par 86 oui, contre 54 non et cinq abstentions.
Les chauffages et chauffe-eau électriques représentent aujourd’hui près de 10% de la consommation vaudoise annuelle, soit l'équivalent d'une quarantaine d'éoliennes. Cette consommation monte à 15% en hiver. L’objectif du décret est de réduire la consommation en misant sur l'efficacité énergétique.
ats/jop
Vers une interdiction nationale à moyen terme
Interrogé mercredi soir dans Forum, le directeur général de Romande Energie Christian Petit estime que cette interdiction dans un délai de dix ans constitue bel et bien un "défi". "Mais la loi laisse des alternatives", souligne-t-il, tel que l'assainissement des bâtiments. "Le propriétaire n'est pas confronté obligatoirement à un remplacement de son chauffage".
L'annonce a suscités quelques réactions vives, et c'est compréhensible, d'après Christian Petit, car ce sont tout de même des adaptations coûteuses qui sont exigées. Il rappelle toutefois que l'impact particulièrement important du chauffage électrique dans le canton de Vaud (de 10% en été à 15% en hiver, contre 5% en moyenne nationale) est avant dû à une évolution historique.
En outre, Vaud n'est pas le premier canton à prendre une telle décision, qui est également déjà envisagée dans le canton de Neuchâtel, par exemple. Dans ce contexte, on peut imaginer que les chauffages électriques soient interdits partout en Suisse à moyen terme, note Christian Petit. "Ce n'est pas efficace. Et on se rend compte aujourd'hui que l'électricité est un produit noble, qui doit être utilisée là où elle ne peut pas être avantageusement remplacée."
Il souligne enfin qu'il reste très difficile d'évaluer clairement l'impact de différentes mesures sur la consommation électrique, car celle-ci est multifactorielle, entre l'efficacité des installations, la météo et le changement dans les pratiques de consommation.