Le Grand Conseil vaudois adopte la stratégie du Conseil d'Etat pour gérer le deal de rue
Le projet du gouvernement répondait à dix interventions parlementaires. Il prône une stratégie globale et transversale contre le deal de rue axée sur la prévention, le sociosanitaire et la formation pour accompagner le volet répressif, avec comme maître-mot, la pluridisciplinarité. Le canton veut mettre davantage l'accent sur la demande, soit la consommation, tout en continuant à agir sur l'offre, soit la vente et le trafic de drogue
En premier débat, l'hémicycle avait globalement salué un projet reposant sur les quatre piliers de la stratégie nationale (prévention, traitement, réduction des risques et répression).
C'est principalement la question de l'interdiction de périmètre pour les trafiquants arrêtés afin de réduire leur présence dans l'espace public qui avait été la plus discutée et nécessitait un deuxième débat. Cette interdiction doit être d'abord signifiée verbalement pour 24h puis, si elle n'est pas respectée, par écrit jusqu'à trois mois au maximum, avant une dénonciation et une amende.
"Vague et flou"
La gauche radicale est revenue mercredi avec deux amendements pour gommer notamment l'aspect "vague et flou" de la notion de mesures d'éloignement, dont elle critique le "caractère liberticide". Le député EP Hadrien Buclin s'est dit particulièrement "préoccupé" des termes ambigus de "trouble à l'ordre public" et "importuner des tiers" qui pourraient ne pas cibler uniquement le deal de rue.
Il a dit craindre que cet article de la loi puisse aussi s'appliquer à des manifestants, des musiciens de rue voire des enfants qui jouent au foot dans l'espace public. Il y a un risque "de dérives sécuritaires", a-t-il réaffirmé.
Comme lors du premier débat, le conseiller d'Etat en charge de la sécurité Vassilis Venizelos a tenu à le rassurer. Cette interdiction de périmètres sera mise en oeuvre de "manière proportionnée et nuancée", s'est-il engagé. Le plénum a suivi le ministre et les deux amendements ont été clairement refusés.
Au vote final, le projet de loi sur le deal de rue a été accepté par 78 oui contre quatorze refus et 21 abstentions.
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ats/miro
Coût de 10 millions sur cinq ans
La nouvelle politique publique du cantron de Vaud de lutte contre le deal de rue s'inspire d'expériences dans d'autres cantons, notamment Berne et Zurich. Le coût total de la douzaine de mesures de ce plan d'action prévu sur cinq ans (2022-2026) s'élève à 10 millions de francs (2 millions par an). Ce programme compte par exemple renforcer la prévention en milieu scolaire.
Parmi d'autres mesures phares, il y a un dispositif de surveillance du marché des stupéfiants. Il s'agit d'un projet-pilote d'analyse des substances des drogues (qualité, composition, coupage, etc.) pour évaluer leur dangerosité et informer sur les risques.
L'idée est de cibler des lieux de fêtes - festivals, rave-party, etc - afin de proposer aux consommateurs d'analyser sur place les produits qu'ils s'apprêtent à utiliser avec un "laboratoire de poche" composé d'une lampe de poche haute technologie connectée à une tablette de la taille d'un smartphone (appareil "NIRLab").