Depuis mi-novembre et l'édiction de deux décrets urgents (lire encadré 1) du Conseil d'Etat vaudois pour faire face à une éventuelle pénurie d'énergie, les vitrines et les enseignes lumineuses des commerces doivent être éteintes une heure après la fermeture de l'échoppe.
A la Boucherie du Château à Morges, Christian Fivaz a profité de la rénovation de son commerce il y a quelques années pour installer une horloge qui éteint automatiquement les lumières. "On est descendu de 22h00 à 19h15. Pour nous, grâce à ce système, c'est relativement facile", a-t-il témoigné mercredi dans le 19h30 de la RTS.
Des problèmes techniques
Pourtant, dans certains magasins, l'éclairage est lié à une alarme et ne peut pas se changer rapidement. La stratégie du canton et des communes consiste donc à miser d'abord sur la prévention.
"On fait beaucoup d'accompagnement. Certaines entreprises ont encore de petits soucis techniques, mais il y a de plus en plus de commerces éteints", explique Gérald Théraulaz, responsable de la police du commerce à Morges.
Selon la loi, les commerces qui gardent la lumière allumée pourraient être amendés jusqu'à 5000 francs, après un avertissement. Toutefois, en l'espace de deux mois, les préfectures n'ont encore délivré aucune sanction.
"Le bilan est plutôt positif. On voit que la plupart des commerces ont joué le jeu", constate le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos. "L'objectif du décret n'était pas de harceler ou de punir les commerces qui n'auraient pas éteint leur vitrine, mais plutôt de les sensibiliser", rappelle-t-il.
Vers une pérennisation
L'ombre d'une pénurie d'énergie semble s'éloigner cet hiver, mais pour le Canton, toute économie est bonne à prendre. Ces restrictions pourraient donc être pérennisées. "Il y aura bientôt une révision de la loi sur l'énergie. La question de la sobriété énergétique et de la lutte contre le gaspillage fera l'objet de différentes propositions de débat au Grand Conseil", détaille l'élu des Verts.
Le décret du Conseil d'Etat sera au moins en vigueur jusqu'à la fin du mois d'avril, mais dans tous les cas, le boucher de Morges va réduire son éclairage à long terme. "Je pense qu'on va descendre de 22h00 à peut-être 20h30. Tant qu'il y a du monde en ville, je pense que c'est intéressant de montrer notre commerce", note-t-il.
Léandre Duggan/jfe
Plus de 3000 grands consommateurs dans le canton
Le deuxième décret voté début novembre par le législatif vaudois portait sur les grands consommateurs. Le Conseil d'Etat souhaitait obtenir de la part des réseaux de distribution et des fournisseurs d’énergie une liste exhaustive de ces grands consommateurs.
Il s'agit des entreprises dont la consommation dépasse 100'000 kWh/an d'électricité ou 1'000'000 kWh/an de gaz. "Il y a plus de 3000 grands consommateurs sur le territoire", a indiqué le conseiller d'Etat Vassilis Venizelos à la RTS. "Ils consomment à peu près 50% de l’électricité totale du canton."
Les services cantonaux connaissent donc désormais ces consommateurs. Le but du décret était de pouvoir les informer et les sensibiliser à une éventuelle pénurie, afin de les inciter à s'y préparer.
A Bulle, les mesures d'économie d'énergie portent leurs fruits
A Bulle (FR), le bilan des collectivités publiques pour faire des économies d'énergie est plus qu'encourageant. Ainsi, depuis trois mois, l’éclairage public dans les rues est éteint de 23h30 jusqu'au matin. La ville espère ainsi réduire de 20% sa consommation d’énergie.
Bulle a également réduit la température dans ses bâtiments. Grâce à ce geste, la commune espérait entre 7 et 12% d’économies d’énergie. La réalité est même plus importante: 21% pour les mois d’octobre et novembre, alors qu'il a fallu remonter le chauffage.