Le nouveau dispositif anti-harcèlement promis il y a plus d'un an par le canton de Vaud aurait dû entrer en vigueur le 1er janvier. Il n'en est rien. Dès lors, des élus s'impatientent. Et la commission de gestion, de son côté, a demandé plusieurs fois des explications.
Quant aux syndicats, ils ne ménagent pas leurs critiques. Pour Raphaël Ramuz, secrétaire syndical au SSP, le plus grand employeur du canton ne respecte pas ses engagements. "Ce qui me choque, c'est qu'on mette en avant cet objectif de lutte contre le harcèlement comme prioritaire. Mais ça n'est pas la priorité", déplore-t-il au micro de La Matinale.
L'affaire remonte à fin 2021. A l'époque, le Groupe Impact, actif depuis 20 ans, est épinglé par un audit pour avoir classé sans suite deux signalements de harcèlement sexuel à l'Université de Lausanne. Ce sont ses méthodes d'investigation qui sont pointées du doigt. Ce désaveu fait suite à des mois de critiques.
Dans la foulée, le Conseil d'Etat annonce une réforme en profondeur de la structure. Mais aujourd'hui, force est de constater que l'on attend toujours.
Selon Raphaël Ramuz, du Syndicat SSP, les employés ont perdu confiance. "Les gens ont des doutes et des craintes et n'osent pas s'adresser à leur employeur pour être protégés à l'heure actuelle."
Exemplarité de l'Etat?
Dès lors, la question de l'exemplarité de l'Etat, comme employeur le plus important du canton, se pose. C'est ce que souligne dans La Matinale Thierry Currat, médiateur indépendant et coresponsable du Certificat de formation continue en médiation à l'Université de Fribourg.
"Evidemment, il y a une nécessité d'exemplarité. La loi impose à tout employeur de protéger ses collaboratrices et collaborateurs. Economiquement, la souffrance au travail coûte très cher. C'est un autre argument, financier cette fois, pour traiter les conflits au travail le mieux possible et le plus tôt possible. Car cela génère notamment beaucoup d'absentéisme." Et il y a un enjeu éthique de la part de l'Etat, poursuit-il. "Le bien-être au travail, c'est un enjeu de responsabilité collective."
Phase de transition
Du côté du Département des ressources humaines du Canton de Vaud, on se veut rassurant. Dans cette phase de transition, le personnel peut encore s'adresser au Groupe Impact qui n'a pas été dissous, comme l'assure Philippe Chaubert, directeur général des Ressources humaines à l’Etat de Vaud et responsable du groupe de travail chargé de réviser le règlement sur les conflits et le harcèlement au travail.
Et ce, même si la structure a été amputée de ses tâches d'investigation: "Les gens qui ont subi du harcèlement ou du mobbing s'adressent toujours au Groupe Impact qui contrôle uniquement la recevabilité de la plainte. Et lorsque la plainte est recevable, elle est transmise à l'un de nos partenaires externes qui va procéder lui-même à ces investigations et rendre son rapport. C’est à eux que nous confions désormais les investigations."
Le Groupe Impact continue pour sa part à assurer des tâches de médiation et d’écoute. "Les critiques portaient sur les investigations essentiellement. Donc les prestations qui n’étaient pas sujettes à caution sont maintenues au sein du Groupe Impact", précise Philippe Chaubert.
Quant au retard dans la réforme, il s'explique par des consultations supplémentaires de spécialistes externes au canton. Mais le projet serait à bout touchant. Les autorités devraient soumettre prochainement aux syndicats la nouvelle mouture du dispositif de gestion des conflits de travail et du harcèlement au sein de l’administration vaudoise. Elles tablent sur une entrée en vigueur avant l'été.
Martine Clerc/fgn