Environ 3000 fonctionnaires manifestent à Lausanne "pour une pleine indexation salariale"
Alors que le taux d'inflation calculé par l'Office fédéral de la statistique en 2022 s'élève à 2,8%, l'indexation salariale de 1,4% ne passe pas auprès du personnel du secteur public vaudois. C'est pourquoi le Syndicat des services publics (SSP), le syndicat Sud et la Fédération des sociétés de fonctionnaires du canton organisent une nouvelle grève lundi, la deuxième après celle du 13 décembre.
Un rassemblement a aussi démarré vers 17h30 sur la place Saint-François, à Lausanne. Environ 3000 manifestants y participaient, selon la Police.
Quelque 1300 grévistes
La mobilisation a pris de l'ampleur par rapport à la journée de décembre dernier. Selon les syndicats, environ 1300 enseignantes et enseignants étaient en grève lundi.
Le Département vaudois de l'enseignement et de la formation professionnelle (DEF) a indiqué à Keystone-ATS que 776 enseignants de l'école obligatoire avaient annoncé faire grève (sur plus de 10'000) et que 24 établissements sur 93 étaient touchés. Une prise en charge était assurée pour les élèves concernés et les parents prévenus en amont, a précisé le porte-parole Julien Schekter.
Dans le post-obligatoire, le DEF estime que 510 enseignants ont débrayé. Les étudiants dont les cours étaient annulés avaient congé.
Avec, donc, ses quelque 1300 grévistes, "il s'agit de la plus grande mobilisation depuis celle contre la réforme de la caisse de pension en 2013", a déclaré à la mi-journée David Gygax, secrétaire syndical au Syndicat des services publics (SSP Vaud).
Pas que les écoles et les gymnases
Le mouvement est surtout suivi par des écoles et des gymnases. Du personnel de la Haute école de santé Vaud (HESAV) et du Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV), tous deux à Lausanne, y participe également.
D'autres lieux, à l'instar du CHUV, sont "plus difficiles à mobiliser", explique David Gygax, "même s'ils sont touchés de la même manière". Le Centre hospitalier universitaire vaudois a néanmoins tenu une assemblée générale à 12h30 et du personnel a pris part au rassemblement sur la place Saint-François et à un défilé qui en est parti à 18h00.
Sur les lieux de la manifestation, une enseignante, témoignant auprès de journalistes de la RTS, exprime toute sa "solidarité avec l'ensemble de la fonction publique". De nombreuses banderoles affichent aussi ce message de solidarité.
Pour des négociations
"Un tel taux d'indexation est l'un des plus bas des employeurs publics de Suisse romande", critique un communiqué conjoint des trois syndicats. "Il implique des pertes de salaires extrêmement importantes." Une indexation correspondant à la hausse de l'indice suisse des prix à la consommation entre octobre 2021 et octobre 2022 (+3%) est réclamée.
La prime unique de 0,8% du salaire octroyée par l'Etat de Vaud aux salariés de classes 1 à 10 en janvier 2023 ne satisfait pas non plus. "Cette prime n'étant pas intégrée au salaire, elle restera sans lendemain. De plus, elle ne concerne pas les employés du secteur parapublic", poursuit le communiqué.
Les syndicats demandent l'ouverture de négociations avec le gouvernement cantonal. Sans quoi une nouvelle journée de mobilisation se tiendra le 31 janvier.
Gouvernement inflexible
Pour l'instant le gouvernement reste inflexible face à ces revendications. La conseillère d'Etat PLR Christelle Luisier explique dans le 19h30 que le gouvernement vaudois a voulu "une approche équilibrée qui tienne compte de la question du renchérissement pour les collaboratrices et les collaborateurs mais aussi pour l'ensemble de la population".
"C'est donc un ensemble de mesures complet qui a été voulu pour soutenir le pouvoir d'achat de toute la population. (...) Dans ce cadre-là, il y a effectivement une indexation partielle pour les plus hauts salaires de la fonction publique, reconnaît la conseillère d'Etat, mais une compensation équivalente financièrement à la pleine indexation pour les plus basses classes jusqu'à la classe 10 des salaires de l'Etat - c'est-à-dire ceux qui montent jusqu'à 116'000 francs par an".
Ainsi, selon Christelle Luisier, les infirmiers, les agents de détention ou encore les éducateurs de la petite enfance se voient tous complètement compensés financièrement par rapport à la pleine inflation.
Mesures alternatives du canton de Vaud
Le gouvernement vaudois insiste sur toute une série d'autres mesures plus globales qui auraient été prises pour compenser l'inflation. Christelle Luisier évoque "les déductions fiscales pour la classe moyenne et les familles, à hauteur de 100 millions", l'indexation des régimes sociaux, à hauteur de 2,5%, et enfin le maintien "des subsides à l'assurance maladie avec un plafond des primes à 10% du revenu", "ce que ne connaissent pas d'autres cantons, un système qui est unique en Suisse", souligne la conseillère d'Etat.
"Ce sont vraiment des mesures globales qui sont prises, et après, les comparaisons avec les autres cantons sont un peu délicates, car tous ne comptabilisent pas de la même manière ce qu'ils font," conclut-elle.
Consultation express
Les syndicats reprochent entre autres au gouvernement vaudois de ne pas avoir été suffisamment consultés. Dans La Matinale, Christelle Luisier se défend en évoquant le peu de temps à disposition: "On était dans un contexte très resserré puisqu'on a tenu le taux d'inflation début novembre, alors que le taux de référence est celui de fin octobre. Nous avons donc retravaillé le budget, parce qu'on avait que 70 millions de prévus, donc on a dû dégager des montants supplémentaires, et on a entendu les syndicats le 8 décembre dernier."
La présidente du gouvernement rappelle que les débats budgétaires se tenaient ensuite directement au mois de décembre. "La loi prévoit une consultation, nous avons consulté les syndicats en leur exposant les mesures supplémentaires par rapport à celles qui étaient prévues au budget, et ensuite, dans le cadre des discussions parlementaires, ces décisions ont été largement avalisées."
La Chaux-de-Fonds généreuse
En restant sur la question de l'indexation salariale, parmi les compagnons d'infortune des fonctionnaires vaudois, on retrouve ceux de la Ville de Neuchâtel (1,6% d'augmentation), et ceux du canton de Neuchâtel (1,8%).
À l'inverse, La Chaux-de-Fonds propose une généreuse augmentation de 3,4%. Quant à la Ville de Fribourg, elle a confirmé vendredi à son personnel une augmentation de salaire de 2,8%. Elle se calque ainsi sur d'autres villes, comme Genève, et se montre légèrement plus généreuse que son canton.
Sujets radios: Muriel Ballaman/Yoan Rithner
Texte web: vkiss/furr/ats
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