La réforme de l'orthographe en Suisse romande a été annoncée en 2021 par la Conférence latine des directeurs de l'instruction publique (CIIP). Elle prévoit que les manuels scolaires romands soient modifiés selon les règles de l'orthographe rectifiée dès la rentrée scolaire 2023-2024.
Cette réforme, qui a suscité de vives réactions à travers la Suisse romande, avait déjà agité plusieurs fois le Parlement vaudois ces derniers mois. Et mardi, c'est un postulat de Florence Bettschart Narbel (PLR) qui a encore occupé les députés.
"Résister au modernisme ambiant"
Reconnaissant sa "ténacité" sur le sujet, la postulante a rappelé vouloir "défendre la richesse" de la langue française et "résister au modernisme ambiant". Elle a ajouté ne pas comprendre ce souci de simplification de la langue, alors que la réforme maintient plusieurs exceptions.
Elle a encore dit regretter un dossier "mal emmanché", sachant que la Commission interparlementaire de contrôle de la Convention scolaire romande n'a pas été consultée.
Déjà enseignée en France et en Belgique
Plusieurs députés de gauche ont pris la parole pour s'opposer à ce postulat, arguant notamment que la langue française évoluait et que certaines simplifications étaient bienvenues.
Ils ont rappelé que la France ou la Belgique enseignaient déjà cette orthographe rectifiée. Cette réforme reste d'ailleurs très marginale, puisqu'elle concerne uniquement 0,4% des mots.
Les élus ont encore souligné que les deux graphies, traditionnelle et rectifiée, resteraient admises. Le seul changement concernera l'enseignement, puisque c'est l'orthographe rectifiée qui serait désormais transmise aux écoliers.
Appel au "pragmatisme" des députés
De son côté, le conseiller d'Etat Frédéric Borloz a reconnu qu'avant d'entrer au gouvernement, il était plutôt opposé à cette réforme. Désormais en charge de l'enseignement, il a toutefois appelé les députés à faire preuve de "pragmatisme".
"Est-ce bien raisonnable de vouloir faire cavalier seul au milieu de cet océan francophone?", a-t-il demandé en estimant qu'il était inévitable de "s'adapter".
Mais la droite a fait bloc pour accepter le postulat par 71 voix, contre 67 pour son classement et une abstention. Il revient désormais au Conseil d'Etat de s'en saisir et, comme demandé, d'envisager la possibilité d'un moratoire.
ats/oang
Même parcours qu'à Genève
Le vote des députés vaudois suit celui de leurs homologues genevois, où la majorité de droite du Grand Conseil continue également de faire barrage à l'orthographe rectifiée.
Au sein des autres parlements romands, les différents textes déposés ont fini par être classés dans les cantons de Neuchâtel, du Valais et du Jura. Fribourg n'a pas dû se pencher sur la question.