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Tests Covid fictifs: un chirurgien vaudois sur liste noire

Du nouveau dans le scandale des tests Covid fantômes
Du nouveau dans le scandale des tests Covid fantômes / A bon entendeur / 10 min. / le 7 février 2023
Des tests Covid ont été facturés à large échelle alors qu’ils n’avaient jamais été effectués. En cause, une nébuleuse de centres de tests douteux, de médecins et de sociétés de facturation au rôle obscur. Le nom d’un médecin vaudois apparaît à de multiples reprises dans cette affaire.

Le relevé d’assurance d’Anton Selva est surprenant: l’année dernière ce Saint-Gallois a reçu un décompte listant 33 tests Covid, facturés au nom d’un chirurgien plastique vaudois, pour un montant total de plus de 1000 francs.

"Ces tests auraient été effectués dans le canton de Vaud, en Suisse romande, alors que ces dernières années, je ne suis allé en Suisse romande qu’une fois, en Lavaux pour une excursion", a expliqué mardi le retraité à l’émission de la RTS A Bon Entendeur. Il affirme par ailleurs qu’il n’avait encore jamais effectué de test à l’époque où le décompte a été établi.

Des tests fantômes facturés à large échelle

Ce cas est emblématique du scandale des tests Covid fictifs révélé l’automne dernier. D’après Santésuisse, des tests fantômes auraient été facturés à large échelle. La faîtière des caisses maladie estime que les montants payés dans le vide par la Confédération représentent environ 20 millions de francs. En cause, des centres de tests douteux, des médecins et des sociétés de facturation au rôle obscur.

Pour faire la lumière sur son cas, Anton Selva a contacté sa caisse maladie, KPT. Après des mois d’échanges de mails, celle-ci a finalement débloqué la situation. "Nous avons annulé les factures et récupéré l’argent du prestataire", écrit KPT. Autrement dit, l’argent perçu de manière indue par le chirurgien esthétique vaudois. Un homme dont le nom n’apparaît pas uniquement dans le dossier du Saint-Gallois.

Une assurée s’est par exemple vu refuser le remboursement d’un test Covid bien réel. Sa caisse maladie, Visana, avait en effet déjà payé le médecin romand pour un pseudo test effectué le même jour.

Une clinique de chirurgie esthétique zurichoise impliquée dans le scandale a par ailleurs envoyé un mail surprenant à un autre assuré: "Nous sommes chargés des fausses factures du Dr X. (…) Pour les montants comptabilisés de manière erronée (…), il sera procédé à un remboursement."

Le praticien se défend

Interpellé à de multiples reprises, le médecin vaudois n’a pas répondu aux questions d'ABE. Il déclare simplement: "J’ai été victime d’un usage abusif de mon numéro RCC (ndlr: numéro de facturation), auquel j’ai fait mettre fin rapidement, lorsque je m’en suis aperçu. Afin d’identifier le mécanisme de cet abus, je collabore depuis bientôt une année à une enquête menée par l’Office fédéral de la santé publique."

Reste que l’homme est dans le collimateur des caisses maladie. Dieter Siegrist est l’un des lanceurs d’alerte de l’affaire des facturations de tests fantômes. "Au total, nous avons eu des doutes sur la facturation de 38 médecins. Des médecins pour lesquels nous avons suspendu le paiement des factures", explique le responsable de la lutte contre la fraude au sein de la CSS.

Et d'ajouter: "Nous avons échangé les numéros de facturation et les noms des médecins suspendus avec toutes les autres assurances. La liste que nous avons vaut pour tous les assureurs." Il affirme par ailleurs que le chirurgien esthétique vaudois "est sur cette liste".

Dans les mains de l'OFSP

L’affaire est maintenant entre les mains de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui enquête depuis des mois sur les facturations de tests suspectes qui lui sont rapportées.

"La priorité est de lever le doute sur tous les cas suspects et de récupérer l’argent à chaque fois que c’est nécessaire", commente Grégoire Gogniat, porte-parole de l’office.

Celui-ci estime que le travail commence à porter ses fruits: "Actuellement, il y a une trentaine de cas traités chez nous. Pour l’heure, on a récupéré 6000 francs, c’est un début. Mais nous sommes actuellement en discussion concernant d’autres cas beaucoup plus importants, dont les montants dépassent probablement le million de francs."

Linda Bourget

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