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Les enseignants vaudois déplorent le manque de moyens pour l'école inclusive

Un sondage d'enseignants vaudois sur l'école inclusive juge que pas assez de moyens lui sont alloués (image d'illustration). [Keystone - Laurent Gillieron]
Il manque des moyens pour l’école inclusive, selon un sondage d’enseignants vaudois / Le 12h30 / 2 min. / le 10 mars 2023
Les moyens de l'école inclusive sont insuffisants, jugent les enseignants vaudois dans un sondage de leurs trois syndicats. Ils estiment que les conditions actuelles ne leur permettent pas d’accueillir correctement dans leurs classes les élèves à besoins particuliers et allophones.

C’est la principale conclusion de ce sondage réalisé en janvier par la Société pédagogique vaudoise (SPV), la Société vaudoise des maîtres secondaires et le SSP.

Ce sondage est "la plus grande enquête sur le terrain relative à l'école à visée inclusive de Suisse romande voire de Suisse", a affirmé vendredi devant la presse à Lausanne Grégory Durand, président de la SPV, principal syndicat des enseignants. Quelque 1894 enseignants ont répondu au sondage. "C'est un grand succès et cela donne beaucoup de valeurs aux résultats", a ajouté Grégory Durand.

Les syndicats ont souhaité comprendre les motifs de résistance à l’école inclusive, qui fait régulièrement l’objet de critiques depuis des années. La visée de l'école inclusive est d'éviter de séparer ou sortir des classes ordinaires les élèves avec des troubles de l'apprentissage, les enfants à haut potentiel ou encore ceux qui ne parlent pas français.

Pas assez de personnel et de moyens

Parmi les réponses proposées qui font presque l’unanimité, on retrouve le manque de moyens financiers et de personnel formé pour appuyer les élèves à besoins particuliers.

En conséquence, les professeurs ordinaires constatent une surcharge de travail et ils sont 90% à appréhender l’arrivée de tels enfants dans leur classe. Surtout que, selon eux, les démarches pour obtenir de l’aide sont de plus en plus lourdes. Les enseignants souhaiteraient qu'on leur fasse davantage confiance.

Dans ces conditions, le principe même d’école inclusive divise. Seule la moitié des sondés y adhère.

Autre bémol: la tension entre deux missions de l'école, à savoir le fait de sélectionner et de faire progresser tous les élèves. Le milieu enseignant dénonce aussi des conditions de travail "déjà dégradées" avant l'introduction du concept et une "forte pression" sur celles-ci.

"C'est un beau projet sur le papier, mais qui ne tient pas ses promesses dans la réalité du terrain", ont souligné les représentants syndicaux. "C'est un concept qui ne se donne pas les moyens de ses ambitions", a insisté Julien Eggenberger, président de l'antenne vaudoise du Syndicat des services publics.

Des assises exigées

Trois axes sont désormais prioritaires pour les syndicats: simplifier le dispositif - en réduisant l'aspect administratif et en faisant plus confiance au corps enseignant -, octroyer des moyens plus conséquents et développer des mesures collectives ne nécessitant pas un "étiquetage" systématique des élèves.

Les enseignants vaudois réclament des assises sur l’école inclusive avant juin 2023 ainsi que l'élaboration d'un plan d'action cantonal et de financement inscrit au budget 2024 déjà.

La demande d'assises avait déjà été adressée au ministre PLR de la Formation Frédéric Borloz lors de son entrée en fonction l’été dernier. Il avait demandé un peu de temps et son Département a mené dans l’intervalle son propre sondage auprès des directions d'école.

>> Relire : Frédéric Borloz: "Globalement, l’école vaudoise va plutôt bien"

La précédente ministre de l’Éducation, la socialiste Cesla Amarelle, non réélue, avait essuyé de nombreuses critiques pour vouloir aller trop vite en besogne avec trop peu de moyens et trop de bureaucratie.

ats/Julie Raussis/juma

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C'est quoi l'école inclusive?

Lancé en 2019 sous l'ère de la ministre socialiste Cesla Amarelle, le "Concept 360°" pour une école inclusive et une égalité des chances entre tous les élèves de l'école obligatoire vise à mieux encadrer les élèves demandant une attention particulière.

Ceux-ci représentent en moyenne environ 15 à 20% des enfants par classe, selon les estimations des syndicats.