Lors d'une action à Lausanne, le mouvement qui vise un changement de société a lancé la récolte des signatures pour ses deux textes touchant au thème de la démocratie. Le premier demande les droits politiques pour les étrangers établis en Suisse depuis dix ans et dans le canton de Vaud depuis trois ans.
Actuellement, plus d'un tiers des habitants du canton de Vaud n'ont pas la nationalité suisse et ne disposent donc pas du droit de signature, de vote et d'éligibilité, relève Diana Zeidan, responsable de la communication d'Ag!ssons. "A Lausanne, c'est encore davantage, avec 40% de personnes qui ne peuvent s'exprimer. C'est presque la moitié de la population qui est exclue", déplore-t-elle.
Il en résulte que les élections et votations ne sont pas représentatives de la population. Comme c'est déjà le cas dans les cantons du Jura et de Neuchâtel, l'instauration des droits politiques pour les non-Suissesses et les non-Suisses permettra de faire face à ce problème, souligne la porte-parole.
Pour mémoire, les personnes étrangères disposent du droit de vote sur le plan communal depuis 2003 dans le canton.
Une démocratie "malade"
La deuxième initiative veut remettre au centre la promotion et le développement de la démocratie en inscrivant explicitement ce précepte dans la Constitution vaudoise. Qualifiée de "malade et vieillissante", la démocratie subit l'influence de multinationales et de lobbyistes, relève Steven Tamburini, co-initiateur du mouvement.
Alors que les crises actuelles montrent la fragilité des systèmes démocratiques, le texte a pour objectif de faire progresser ce principe, en répondant notamment aux défis de la gérontocratisation - le fait que le pouvoir se concentre dans les mains des politiciennes et politiciens plus âgés - ou de la numérisation de la société.
Les initiants ont notamment cité divers moyens tels que la récolte de signatures en ligne, le vote par internet pour faire baisser le taux d'abstention ou encore davantage de place en politique pour les jeunes, dont "la voix n'est jamais prise en considération".
Mobilisation citoyenne espérée
"Notre objectif est de court-circuiter la lenteur politique en lançant des vagues d'initatives. Nous voulons casser la routine des politiciens qui prennent leur temps, en imposant nous-mêmes les thèmes qui nous préoccupent", a indiqué Simon Berthoud, responsable de la campagne Ag!ssons, mercredi dans l'émission Forum de la RTS.
Le mouvement revendique actuellement plus de 2500 sympathisants et une huitantaine de membres actifs. Une levée de fonds a permis de récolter 53'000 francs pour financer une partie de la campagne. Le mouvement recherche encore 150 bénévoles et davantage de moyens. Il a d'ores et déjà annoncé le lancement de deux nouvelles initiatives la semaine prochaine.
"Cette campagne, c'est quelque chose d'absolument fou, qui n'a probablement jamais été fait, et qui est même difficile pour des partis politiques. Nous n'y arriverons que si les citoyens se mobilisent et reprennent en main la démocratie", déclare Simon Berthoud.
ares et vajo avec ats
Cinq initiatives déposées
Le mouvement qui a fêté en mars son premier anniversaire s'est donné pour moyen d'action le lancement d'initiatives populaires. Son objectif: répondre à l'urgence écologique, démocratique et sociale. Au départ, dix-huit propositions hétéroclites ont été proposées sur la plateforme de consultation populaire agissons-ch.org. Cinq ont été retenues et déposées à la Chancellerie sous forme d'initiatives.
L'une d'entre elles, demandant l'instauration d’une "Chambre citoyenne", a été invalidée par le gouvernement vaudois pour cause de non-conformité au droit supérieur. Ag!ssons a recouru contre cette décision, rappelle Simon Berthoud.
Quant à l'initiative pour une lourde taxation des dépenses publicitaires afin de financer la transition écologique, elle a fait l'objet d'un recours du Centre patronal. Trois autres ont été déposées, mais n'ont pas encore été traitées, a détaillé le responsable.