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La conservation et la mise au patrimoine des artistes locaux, un défi onéreux

Conserver et valoriser l’œuvre des artistes locaux est compliqué en Suisse (vidéo)
Conserver et valoriser l’œuvre des artistes locaux est compliqué en Suisse (vidéo) / La Matinale / 4 min. / le 2 mai 2023
Etienne Delessert, le papa de "Yok Yok", souhaitait faire don de ses oeuvres à des musées du canton de Vaud. Mais ce cadeau, beaucoup trop volumineux, a dû être décliné. Sa mise en valeur et sa conservation revenaient beaucoup trop cher aux institutions.

Yok Yok, personnage de livres pour enfants des années 1970 et 1980, est né sous les crayons de Delessert. L'artiste a aussi peint, caricaturé pour le New York Times et réalisé des dessins animés. Cette année, il a reçu le Grand prix suisse de Design.

Depuis longtemps, Etienne Delessert vit aux Etats-Unis, mais ce Vaudois d'origine voulait que ses oeuvres retournent dans son canton. "J'ai l'impression que c'est une manière pour moi de revenir vers une Europe que j'aime, vers une Suisse où j'ai des amis", a-t-il expliqué mardi dans La Matinale de la RTS.

Mais le Musée cantonal des Beaux-Arts à Lausanne et le musée Jenisch à Vevey ont refusé d'accueillir ses oeuvres. Le fonds qu'il veut léguer est trop important et très divers. Sa mise en valeur ainsi que sa conservation nécessitent trop de moyens.

Un fonds, ce sont des coûts

En Suisse, cette mésaventure n'est pas rare. Conserver et mettre en valeur un ensemble d'oeuvres est compliqué, même pour un artiste aussi célèbre qu'Etienne Delessert. Souvent, les oeuvres des artistes locaux se retrouvent sans domicile fixe. "Les musées des Beaux-Arts ont une politique d'acquisition qui est assez restrictive, ils ont tendance à prendre quelques oeuvres représentatives", affirme Philippe Kaenel, membre du comité de la Fondation ateliers d'artiste.

Donner un ensemble d'oeuvres est très généreux mais coûte extrêmement cher à l'institution d'accueil, car il faut trouver des espaces, cataloguer et organiser des expositions qui ont du sens.

Le directeur du Musée cantonal des Beaux-Arts confie avoir très à coeur de conserver le patrimoine vaudois, mais ajoute qu'il doit aussi choisir selon ses moyens financiers et la cohérence de sa collection.

"Yok Yok" dans un musée américain?

De nombreuses collections d'artistes locaux se retrouvent donc sans toit. Dans ce genre de cas, en Suisse romande, il existe la fondation Atelier d'artiste, constituée de bénévoles. Depuis vingt ans, elle abrite 18'000 oeuvres, mais elle n'a pas les moyens de toutes les mettre en valeur dans des expositions.

Dans le canton de Vaud, il existe d'autres solutions, dont la Bibliothèque cantonale et universitaire, ainsi que les Archives cantonales. Les musées historiques sont aussi l'une des solutions, mais souvent, ils sont soumis à des contraintes budgétaires et de sélection restrictives. La collection d'Etienne Delessert intéresse cependant les Archives cantonales, qui accepterait d'organiser des expositions en partenariat avec d'autres musées.

Etienne Delessert, pour sa part, craint une absence de mise en valeur de ses oeuvres et s'attendait à plus d'enthousiasme de la part des musées. Il pourrait donc finir par tout léguer au musée Rockwell, aux Etats-Unis. Si l'artiste affirme qu'il n'a encore rien signé, il devrait prendre sa décision dans les jours qui viennent.

>> Lire aussi : Etienne Delessert, père de Yok-Yok, est-il boudé par le canton de Vaud?

Sujet radio: Noriane Rapin
Adaptation web: Miroslav Mares

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