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Aide vaudoise de 28 millions pour réduire les émissions de CO2 de l'agriculture

Une moissoneuse-batteuse dans un champ près de Sullens (VD). [Reuters - Denis Balibouse]
Le canton de Vaud prévoit 28 millions pour l'agriculture face aux changements climatiques / La Matinale / 4 min. / le 4 mai 2023
Le Plan climat vaudois prévoit une enveloppe de 28 millions de francs pour aider l'agriculture à faire face aux changements climatiques. Les agriculteurs pourront bénéficier, dès cette année, d'aides directes pour faire pousser de nouvelles cultures ou acheter du nouveau matériel.

Les agriculteurs pourront, par exemple, toucher 200 francs par hectare pour planter de nouvelles cultures résistantes à la sécheresse - millet, caméline ou encore sorgho - pour le fourrage des animaux.

Ils pourront aussi bénéficier d'une aide de 30% de la facture pour acheter des véhicules ou des machines agricoles électriques.

Les agriculteurs pourront également obtenir des conseils et des diagnostics pour renforcer leur autonomie énergétique, installer des panneaux solaires ou une centrale à biogaz.

"L'agriculture est une partie de la solution"

Le canton va ainsi mettre à disposition une enveloppe de 28 millions de francs d'aides directes, soit à fonds perdu.

Le montant est important, car le secteur agricole est très touché par les changements climatiques, défend Aude Jarabo, coordinatrice de ce programme chez Prométerre, l'Association vaudoise de promotion des métiers de la terre.

"Le secteur fait également partie de la solution, puisque c'est le seul qui est capable de séquestrer du carbone et de compenser une partie des émissions", souligne-t-elle, jeudi dans La Matinale de la RTS.

Et d'ajouter: "L'idée était de reconnaître que ceci (la transition écologique, ndlr) est coûteux pour ces entreprises, et cela ne se fait pas en un claquement de doigt. Si un agriculteur, qui produit du maïs pour nourrir son bétail, est soutenu pour remplacer un tiers de sa production par du sorgho, cela va lui permettre d'apprendre à maîtriser cette culture et de sécuriser ses fourrages, voire de démarrer certains marchés."

Résister à la sécheresse

A Palézieux, par exemple, Eric Ramseyer a installé il y a quelques années une centrale au biogaz. Il a récemment remplacé tout son maïs par du sorgho pour nourrir les 300 bovins de son exploitation biologique.

"L'an dernier, la végétation a été 'bloquée' pendant cinq à six semaines à cause de la sécheresse. Malgré cela, nous avons produit beaucoup de fourrage. Même s'il fait chaud et sec, le sorgho continue de pousser", explique le Palézien. Cette année, il pourra toucher pour la première fois des aides pour semer son sorgho, environ 2000 francs estime-t-il. C’est une aide importante dont il se réjouit.

L'agriculteur souligne toutefois qu'il est important d'apporter aussi un soutien technique aux agriculteurs, ce qui lui a manqué lorsqu’il s'est lancé.

Forte demande

Prométerre reconnaît que les diagnostics techniques et les conseillers n'arrivent pas à suivre, parce qu'il y a une forte préoccupation de la part des agriculteurs pour les questions énergétiques.

Prométerre constate également un engouement pour les nouvelles cultures de sorgho ou de luzerne, avec des centaines d’exploitations inscrites pour bénéficier des aides. Leurs surfaces devraient doubler d'ici quatre ans.

Au total, avec le Plan climat vaudois, l'organisation s'attend à toucher 1000 fermes sur les 3500 que compte le canton.

Julie Rausis/vajo

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Qu'en est-il dans les autres cantons?

Les aides directes pour aider l'agriculture face aux changements climatiques sont en préparation dans le canton de Berne, et en consultation dans le Jura.

A Genève, un projet de loi avec une enveloppe de 19 millions de francs est actuellement en discussion au Grand Conseil. Idem en Valais.

Le canton de Vaud est donc plutôt bien avancé (lire ci-dessus). Cela s'explique par la grande diversité de son agriculture qui permet d'agir sur les sols, les cultures maraîchères et céréalières, ainsi que sur la vigne sans toucher aux effectifs de bovins.

Ce qui n'est pas le cas dans certains cantons, notamment suisses alémaniques, où la part d'élevage est plus importante et où les mesures deviennent vite émotionnelles.