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Une application pour des consultations d'urgence à domicile lancée à Lausanne

À Lausanne, un service d’intervention médicale propose des consultations à domicile 7 jours sur 7. Cette nouvelle offre suscite cependant des critiques
À Lausanne, un service d’intervention médicale propose des consultations à domicile 7 jours sur 7. Cette nouvelle offre suscite cependant des critiques / 19h30 / 2 min. / le 10 mai 2023
Deux médecins viennent de lancer l'application Docadom à Lausanne. Elle permet de solliciter un docteur en quelques clics pour une consultation rapide à domicile. Cette initiative privée vise à désengorger les services d'urgence. Mais certains craignent une "ubérisation" de la médecine.

A l'aide de cette simple application pour téléphone et tablette à télécharger, les patients lausannois peuvent, en cas d'urgence, décrire leur problème de santé et demander une consultation.

Un médecin se rend alors directement chez eux, à vélo électrique et équipé d'un matériel de pointe. Le but: offrir des examens plus poussés qu'un médecin de garde, tout en délestant les urgences. Le service est actif sept jours sur sept, de 10h à 20h, et est pris en charge par l'assurance maladie de base.

La société privée a déjà engagé trois médecins généralistes, mieux payés que la moyenne, qui pourront donc prodiguer de nombreux examens médicaux.

"Assez rationnels dans la facturation"

L'un des concepteurs, le docteur Alexis Bikfalvi, se défend de participer à la hausse des coûts de la santé. "Nous appliquerons une taxe d'urgence uniquement dans les cas qui relèvent d'un motif de consultation urgent", déclare le praticien mercredi dans La Matinale.

"Nous serons assez rationnels dans la facturation envoyée au patient. Nous avons conçu une application qui simplifie considérablement la prise de rendez-vous et les informations administratives. Nous avons donc une structure de coûts qui est plus légère. C'est une chose dont nous voulions faire bénéficier les médecins qui travaillent avec nous. Et notre but, c'est d'être justes avec les médecins", assure-t-il.

Des doutes à propos de ce système

Certains médecins voient dans ce nouveau service une "ubérisation" inquiétante de la médecine et doutent du recours à la technologie pour mettre en lien directement patients et soignants. Selon Pierre-Yves Rodondi, directeur de l'Institut de médecine de famille à l'Université de Fribourg, le système de Docadom ne permettra pas de désengorger les urgences.

"On a d'abord un système assez technologique, qui ne va donc correspondre qu'à une certaine partie de la population. Pour les patients âgés, utiliser ce type d'application n'est pas du tout évident. Aussi, les consultations à domicile coûtent plus cher qu'en cabinet. Cela aura aussi une répercussion sur les coûts pour les patients et le système de santé", argumente-t-il mardi dans le journal de 22h30.

Pierre-Yves Rodondi propose plutôt une augmentation du nombre de médecins de famille. Ceux-ci pourraient voir leurs patients en cas d'urgence et assurer un suivi. "Si on suit bien un patient, il consultera moins les urgences", assure le médecin. "Si on augmente uniquement le système d'urgence sans augmenter le nombre de médecins de famille, on va juste continuer la crise actuelle et accroître les coûts du système de santé", avance-t-il.

>> Ecouter toute l'interview de Pierre-Yves Rodondi mardi dans le 22h30 :

Pierre-Yves Rodondi s’exprime sur la pénurie de médecins de famille
Lancement de l'application Docadom: interview de Pierre-Yves Rodondi / Le Journal de 22h30 / 1 min. / le 9 mai 2023

Horaires flexibles

"On voit plutôt qu'on répond à un besoin actuel des médecins, surtout de la jeune génération, qui ont envie d'avoir des horaires plus flexibles et d'arriver à une meilleure conciliation entre vie de famille et vie professionnelle. C'est ce que permet notre solution", souligne de son côté le fondateur de Docadom.

Alexis Bikfalvi et son collègue ont par ailleurs été reçus par le Département vaudois de la santé pour présenter leur projet, à titre d'information, et ont reçu une autorisation d'exploitation. Le Canton y voit une initiative "très intéressante" et "suivra son développement avec un grand intérêt". Même si, à ce stade, "il semble peu probable que ce service, assuré par un petit nombre de médecins, puisse à lui seul soulager les urgences ambulatoires", note encore le Département.

Julie Rausis/ami

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