Épuisement, stress et harcèlement: à l'EPFL les conditions de travail restent à améliorer
Il ressort de cette enquête, menée en novembre 2022, que 52,7% des répondants souffrent d'épuisement, avec un plus haut taux chez les femmes (55,8%) que chez les hommes (49,6%). La population étudiante est particulièrement touchée avec un taux dépassant les 60%.
Environ 4300 personnes (23% de sa population) ont répondu à l'enquête, "un bon taux de réponse", indique l'EPFL jeudi dans un communiqué.
"C'est inquiétant et cela doit nous amener à réfléchir sérieusement à notre mode d'étudier et de travailler, non seulement pour trouver des mesures palliatives, mais aussi pour essayer d'en comprendre les raisons", affirme Kathryn Hess Bellwald, responsable de la task force santé mentale et bien-être, citée dans le communiqué.
Semaine de pause
Comme première mesure pour la communauté étudiante, l'EPFL a décidé d'introduire une semaine de pause au semestre d'automne dès 2024. "Une action largement plébiscitée qui offre une respiration bienvenue au milieu d'un semestre dense suivi par la session d’examen d’hiver", précise le communiqué.
Autre souffrance qui ressort de l'enquête: le stress négatif dû à la charge de travail et aux attentes liées à la performance. Il touche 30,7% des personnes sondées. "Un taux élevé et inquiétant même s'il s'avère comparable à celui que l'on retrouve dans la population suisse romande", remarque l'EPFL.
La pandémie a sans doute joué un rôle, mais déjà avant celle-ci j’ai entendu beaucoup de personnes faire part de leurs inquiétudes sur l’état de santé mentale de leurs collègues
Pour réduire ce stress négatif, des groupes de travail ont été constitués. Plusieurs pistes sont explorées, notamment une augmentation de l'offre de formation pour apprendre, par exemple, à mieux gérer les échecs.
"L'échec fait partie du processus d’apprentissage, on ne peut pas apprendre ou innover sans prendre de risques et donc risquer l’échec", indique Kathryn Hess Bellwald.
Harcèlement chez les doctorants
En matière de harcèlement ("bullying/mobbing"), le questionnaire montre que 23,5% des personnes sont victimes avérées ou potentielles. Les collaborateurs scientifiques (sans enseignement) et les doctorants relèvent le plus fréquemment subir ces comportements.
Pour le corps doctorant, le taux est en hausse. Lors de la précédente enquête de 2019, 13% des répondants disaient souffrir d'un possible harcèlement, tandis le taux avéré s'élevait à 7,7%. Ces chiffres sont aujourd'hui de 19,9% et de 11,6%.
L'établissement ajoute que des mesures ont déjà été implémentées, comme la réforme du système de mentorat et la mise en place d'une formation pour les enseignants qui endossent ce rôle.
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L'an dernier, après avoir été confrontée à de nombreux témoignages de harcèlement (sexuel notamment), l'EPFL avait annoncé créer un "Réseau soutien et confiance", un dispositif de première prise en charge.
Responsable des plaintes
L'EPFL explique également avoir engagé ce printemps une personne au poste de "Respect compliance officer". Celle-ci sera chargée de la gestion des plaintes de toute la communauté EPFL en matière de harcèlement, violences et discriminations.
Par ailleurs, du 9 au 13 octobre, les "Jours Santé" se dérouleront sur le campus avec des ateliers, tables rondes, conférences et différents événements en lien avec la santé physique et mentale.
ats/doe