Les policiers lausannois ont comparu pour la troisième journée consécutive devant le Tribunal correctionnel de l'arrondissement de Lausanne, délocalisé à Renens. Ils sont accusés d’homicide par négligence lors de l'interpellation de Mike Ben Peter, un Nigérian de 40 ans, dans le cadre d'un contrôle antidrogue en février 2018.
Mardi, l'audience s’était achevée sur le témoignage poignant de la veuve et du frère de la victime. Trois policiers avaient adressé leurs condoléances.
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Mercredi l’émotion n’était plus au rendez-vous. L’épouse et le frère sont rentrés en Espagne où ils vivent. Les six prévenus ont répondu à tour de rôle aux questions de leurs avocats. Ils sont revenus sur le rôle joué par chacun, du spray au poivre au massage cardiaque en passant par l'immobilisation au sol et le menottage.
Réaction "professionnelle" et "proportionnée"
Les avocats ont tenté de faire ressortir le désœuvrement du premier policier qui a interpellé seul Mike Ben Peter et l’inquiétude de ses collègues arrivés en renfort pour le maîtriser. Les prévenus l'ont décrit comme un homme baraqué plutôt qu’obèse et qui résistait de façon exceptionnellement forte.
Quatre des policiers ont dit être marqués par cet évènement auquel ils pensent tous les jours. L’un a même demandé à ne plus être sur le terrain depuis.
Comme lundi, les accusés ont affirmé avoir agi en professionnels et de façon proportionnée, notamment en maintenant Mike Ben Peter dans la position controversée du placage ventral.
Symbole suprémaciste
Le seul coup d’éclat de ce troisième jour vient de l’avocat de la famille. Après avoir demandé une suspension d’audience, Maître Simon Ntah a soumis au tribunal une photo publiée sur internet d’un policier qui assure la sécurité de ce procès et qui porte sur son plastron un emblème suprémaciste blanc. Le président du Tribunal en informera le responsable du dispositif sécuritaire. Il a indiqué ne pas prendre position et appelé à poursuivre les débats dans le calme.
En fin d’audience, Maître Ntah a reformulé les mêmes demandes déjà refusées lundi à savoir des preuves supplémentaires et de réentendre témoins et experts, face à une enquête qu’il juge bâclée et les "contradictions des accusés autorisés à mentir comme n’importe quel prévenu". Il a demandé à nouveau une aggravation de peine et de considérer l’homicide intentionnel. Toutes ses réquisitions ont été refusées par les juges.
Lundi, auront lieu les plaidoiries. Le verdict est attendu jeudi.
Sujet radio: Julie Rausis
Adaptation web: Julie Marty