Lancées début 2022, ces études permettent de répondre à cinq postulats au Conseil communal de Lausanne et aux questions de la population, a déclaré devant la presse à Lausanne Natacha Litzistorf, municipale en charge du logement, de l’environnement et de l’architecture.
Les regards sont tournés vers l'aéroport, sujet éminemment politique, ce d'autant plus que le quartier des Plaines du Loup se développe fortement. La donne va changer en matière de nuisances sonores, avec un bassin de population potentiellement plus important, a-t-elle poursuivi.
Gêne auditive reconnue
Réalisée par l'Université de Genève, l’évaluation d’impact sur la santé conclut qu’il n’est pas possible d’attribuer des cas de maladies ou de décès aux nuisances sonores diurnes générées par l’activité aéroportuaire. Néanmoins, elles sont à l’origine d’une gêne auditive, parfois marquée dans certains périmètres. Celle-ci péjore la qualité de vie et est susceptible, sur le long terme, de se traduire en des problèmes de santé plus marqués.
Quant aux retombées économiques annuelles calculées elles par l'Université de Neuchâtel, elles s’élèvent à 20 millions à l’échelle du canton de Vaud, mais sont marquées par des fuites importantes hors canton. Le 75% est généré par l’activité de l’aéroport alors que le reste résulte des dépenses du personnel.
L'étude souligne par ailleurs que l’aéroport apporte un service important en matière de formation de pilotes professionnels (400 formés par année), bien avant l’aviation "plaisir" (60 pilotes amateurs formés par an).
Pas un rôle essentiel
En outre, l’aéroport assume également un rôle de service public grâce à la présence des activités de sauvetage de la REGA (1000 missions de sauvetage/an). Avec 120 employés, "on a affaire à une bonne PME", relève l'un des auteurs Alain Segessmann.
Il s’agit bien d’un aéroport à vocation régionale qui offre un avantage concurrentiel à Lausanne, mais qui n’a pas de rôle essentiel pour le tissu économique lausannois, au contraire de Genève-Aéroport par exemple.
Faire avec
La Municipalité prend acte de ces résultats ainsi que d'un avis de droit sur le cadre légal du professeur Jean-Baptiste Zufferey, de l’Université de Fribourg. Selon ce dernier, toute modification du droit de superficie (DDP) devra obtenir l'accord des deux parties, soit la ville et les exploitants, voire de la sous-superficiaire (REGA). La commune n'a aucune compétence sur l'exploitation de l'aéroport.
Au vu de ces dispositions juridiques et de l’absence de prérogatives en regard du droit civil, la Municipalité souhaite le renouvellement du protocole d'accord, mais veut aller vers un monitoring plus fin. Elle maintient aussi sa volonté de limiter les nuisances de l'aéroport et de rediscuter le montant de la redevance.
"On doit composer avec ce qui est là et qui a été validé par le droit supérieur. On doit faire avec l'aéroport, mais faire au mieux", a déclaré Natacha Litzistorf. Et de relever que la Municipalité souhaite une entrée en vigueur fin 2023-début 2024.
Etude genevoise contestée
Quant à la réaction de l'Aéroport de la région lausannoise la Blécherette (ARLB), elle a décidé mardi de contester les résultats de l'étude de l'UNIGE qu'elle a comparée à d'autres. La Blécherette et ses 38'000 mouvements aurait un impact sonore équivalant au double de celui de l'aéroport de Genève ou huit fois plus élevé sur la santé que les huit aéroports londoniens réunis. "C'est étrange", a commenté Lionel Ducret, administrateur.
L'étude se base sur le pire des scénarios et exclut toutes les données positives, a-t-il estimé. L'ARLB a rappelé tous les progrès accomplis pour réduire les nuisances ces dernières années, tant en terme d'horaires que de mouvements. Et s'est félicité de son impact économique positif.
Bénéfice dérisoire
Ces bénéfices sont dérisoires par rapport aux nuisances endurées par la population, a relevé de son côté, l'Association de défense des riverains de la Blécherette (ADRB). Ils sont dix fois moins importants qu'à Sion, a notamment déclaré son représentant Fabien Ohl.
De plus, la couverture de la redevance n'est pas couverte par la redevance de superficie (moins de 60'000 francs par an pour 200'000 m2). C'est donc une subvention de la population aux usagers de jets privés, qui font des trajets Lausanne Anemasse ou Lausanne Genève, a-t-il dénoncé.
Dialogue malgré tout
"On ne peut pas discuter, vous ne voulez que notre disparition, a alors lancé Bruno de Siebenthal, président de l'ARLB. "Si vous aviez des avions silencieux, aucun problème", a répliqué Fabien Ohl.
Si le ton s'est musclé entre exploitants et opposants, "le signal que nous voulons donner aujourd'hui, c'est que les parties travaillent ensemble, même si elles ne sont pas du même avis", a conclu Natacha Litzistorf.
L’aéroport régional de la Blécherette est le premier aérodrome construit en Suisse et l’un des cinq aéroports régionaux mixtes en Suisse. Il est exploité par l'ARLB depuis 1993, en vertu d’une concession fédérale en force jusqu’en 2037 et d’un droit de superficie (DDP) valable jusqu’au printemps 2069. L'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) représente l'autorité de surveillance.
ther avec ats