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Le rôle des réseaux sociaux lors des émeutes des casseurs

Heurts en France: le rôle des réseaux sociaux
Heurts en France: le rôle des réseaux sociaux / Forum / 8 min. / le 3 juillet 2023
Samedi soir, en écho à la situation française, plusieurs appels diffusés sur les réseaux sociaux ont entraîné des actes de violence dans le quartier du Flon à Lausanne. En France, les autorités dénoncent le rôle déterminant de ces plateformes: en tant que caisse de résonance, elles encouragent à la violence.

Depuis plusieurs jours, en direct sur TikTok, Snapchat ou Instagram, des vidéos témoignent des actes de vandalisme commis en France ainsi que dans le chef-lieu vaudois.

Les jeunes casseurs se filment et ils s'amusent parfois de la situation, ils ne prennent même pas la peine de masquer leurs visages. Les contenus partagés sont essentiellement des vidéos d'incendies et de dégradations, mais aussi de gens profitant de la situation pour procéder à des pillages. On vise essentiellement le buzz et il est difficile d'y distinguer le vrai du faux et l'origine exacte des publications.

Sur l'une de ces plateformes, on peut notamment voir une jeune femme qui fait le bilan de ce qu'elle a dérobé dans un magasin: "J'ai pris de la lessive, des cordons bleus et mon amie a pris du shampooing."

Les adolescents ne réalisent pas

Dimanche dans le 19h30, le sociologue Olivier Glassey expliquait que ces adolescents ne réalisent pas leur implication et les conséquences qu'entraîne la diffusion de telles images. "Il y a sans doute une dimension un peu plus ludique. Dans certains cas, ces personnes revendiquent ces faits, on est à la source de ces images, on est en première ligne", mais ils ne se considèrent pas comme partie prenante.

Selon le sociologue, la diffusion de ces vidéos sur les réseaux peut motiver certains jeunes à rejoindre les émeutiers ou à se rendre sur place pour assouvir leur curiosité.

"Les vidéos les plus commentées sont poussées par l’algorithme qui va encourager ce mouvement-là et souvent cette viralité est entretenue par la dimension spectaculaire ou la dimension inattendue de l'événement", estime encore Olivier Glassey.

Voir aussi le sujet du 12h45:

Emeutes à Lausanne
Emeutes à Lausanne / 12h45 / 2 min. / le 2 juillet 2023

La France dénonce l'implication des plateformes

Les réseaux sociaux sont d'ailleurs pointés du doigt par les autorités françaises. Selon elles, les plateformes comme TikTok et Snapchat jouent un rôle considérable dans les mouvements de révolte. Elles servent à communiquer les lieux de rendez-vous et permettent une redoutable organisation de groupes commettant des actes de violence.

Eric Dupond-Moretti, ministre français de la Justice, a mis en place vendredi des mesures exceptionnelles. Elles prévoient notamment de pouvoir saisir les opérateurs comme Snapchat pour retrouver les adresses IP et les identités des auteurs de ces vidéos.

"Personne ne doit penser que derrière ces réseaux sociaux, il y a impunité. Plusieurs qualifications peuvent être envisagées dont celle d’association de malfaiteurs ou de complicité", explique le ministre.

Stupeur et incompréhension à Lausanne

Invité du 12h30, Jean-Marc Grangé, commissaire et commandant de la brigade de la jeunesse de la ville de Lausanne, dit craindre une stigmatisation de la jeunesse. "Le pire, c'est l'image que ce groupuscule va générer auprès de la population. Il laisse à penser que l'entier de la jeunesse présente des troubles, la situation est totalement différente, seule une centaine de casseurs étaient présents, alors que le territoire vaudois est composé de 15'000 jeunes", affirme le commissaire.

Ecouter l'intégralité de l'interview de Jean-Marc Granger:

Des violences à Lausanne en écho à la situation en France la nuit du 1 juillet. [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
Des appels à la violence sur les réseaux sociaux à l’origine des casses à Lausanne: interview de Jean-Marc Granger / Le 12h30 / 4 min. / le 3 juillet 2023

"Il s’agit de tentatives organisées de pillages de commerces que rien n’excuse", a de son côté réagi Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal en charge de la police à Lausanne qui "condamne fermement" ces actes. Le municipal, qui ne fait aucun lien avec des manifestations, parle de "délinquance sauvageonne". Un dispositif est prévu, pour le temps qu’il faudra, ajoute-t-il.

Pour Toto Morand, propriétaire des boutiques Pomp it Up, ces attaques ont un lien avec la France, dans le sens où "ces gamins ont vu sur les réseaux sociaux que des jeunes allaient se servir dans les magasins et s’en sont inspirés". Il ne pense pas qu'elles aient en revanche une quelconque "revendication politique ou de solidarité" avec Nahel, 17 ans, tué par un policier en France.

Au-delà d’aider les enquêteurs à identifier les auteurs des violences, ces vidéos peuvent être utilisées comme preuve en cas de poursuite devant la justice.

>> Lire aussi : Des violences à Lausanne en écho à la situation en France

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Adaptation web: Miroslav Mares avec les agences

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