Vaud se prépare à une saison de football hors normes au niveau sécuritaire

Le football vaudois se porte très bien grâce au Lausanne-Sport, au Stade-Lausanne-Ouchy et à Yverdon-Sport, trois clubs récemment promus en Super League, sans compter l'arrivée du Stade Nyonnais en Challenge League.

Revers de la médaille: la violence des supporters et ultras en marge des matches, un phénomène dont s'est inquiété récemment le Grand Conseil. Le législatif vaudois a demandé au canton de tout mettre en oeuvre pour endiguer les débordements (essentiellement des jets d'engins pyrotechniques et déprédations hors des stades), qui touchent en moyenne un match sur deux.

Si le championnat débute samedi, la première rencontre verra le Stade Lausanne-Ouchy affronter Lugano mercredi prochain à la Pontaise. Puis ce sera en moyenne un match quasi tous les week-ends sur territoire vaudois.

Effectifs fortement sollicités

A quelques jours de cette première rencontre, le conseiller d'Etat vaudois en charge de la sécurité Vassilis Venizelos se veut plutôt rassurant au vu des mesures qui ont été prises. La Swiss Football League a en effet répondu favorablement à la demande de ne pas avoir deux rencontres en même temps à Lausanne. Il pourra y avoir deux matches à Lausanne le même week-end, mais jamais le même jour", relève le conseiller d'Etat dans Forum.

"Pour les matches à risque, c'est 150 agents en moyenne qui sont mobilisés. C'est la raison pour laquelle nous avons fait appel aux polices communales qui sont responsables sur leur territoire, et nous pouvons faire appel aux autres polices romandes, comme le concordat latin du Groupement latin de sécurité publique et de maintien de l'ordre nous l'autorise", indique-t-il.

Avant d'ajouter: "Mais dans certaines situations, nous allons peut-être devoir prendre des mesures plus répressives, fermer certaines tribunes à certains supporters, voire dans certains cas extrêmes annuler certains matches."

Nous mettrons tout en oeuvre pour garantir le socle sécuritaire de base dans l'ensemble du canton

L'objectif est d'éviter que la surcharge engendrée par la surveillance du déplacement des supporters dans la ville vers le stade n'ait des conséquences sur les autres missions de police, par exemple l'ouverture des postes de police, poursuit le conseiller d'Etat. "Nous mettrons tout en oeuvre pour garantir le socle sécuritaire de base dans l'ensemble du canton", assure-t-il.

Il existe toute une palette d'outils qui peuvent être utilisés pour éviter des débordements, ajoute le ministre. "Nous avons déjà le cadre pour intervenir en cas de comportement violent" (le concordat contre le hooliganisme qui prévoit des interdictions de périmètres et amendes pour les clubs).

"En parallèle, nous négocions avec les clubs pour qu'ils prennent davantage leurs responsabilités, en matière de sécurité dans et aux abords des stades et dans la prise en charge des déplacements de supporters", poursuit le conseiller d'Etat.

Coût estimé à 3 millions de francs

Tout ceci aura un coût: "On évalue les coûts liés au dispositif sécuritaire de la collectivité publique à un peu moins de 3 millions pour la saison à venir dans le canton", estime Vassilis Venizelos. Jusqu'ici, les clubs ne payaient que 10% de la facture policière. Le canton espère les faire contribuer davantage.

Ce n'est clairement pas au contribuable d'assumer ces coûts

"Ce n'est clairement pas au contribuable d'assumer ces coûts, même si la loi nous autorise à exonérer les personnes qui organisent ce type de manifestations dans certains cas. La saison passée, ce sont 90% des coûts qui ont été exonérés. Il est clair que pour la saison à venir, ça ne sera pas possible." Et les clubs n'auront pas le choix: "Le dialogue est instauré depuis un certain temps."

Solution nationale espérée

Le Canton et la Ville de Lausanne espèrent à plus long terme une solution au niveau national. Elle aurait l'avantage d'obtenir une adhésion politique plus importante si l'ensemble des cantons, d'entente avec la Swiss Football League (SFL), adoptent les mêmes mesures.

Elle permettrait également d'assurer le déplacement de supporters sur l'ensemble du territoire suisse par les CFF et d'adopter les mêmes doctrines pour tous, avec des règles harmonisées en cas de dégâts (une grosse inquiétude des CFF). Enfin, elle aurait l'avantage de responsabiliser la SFL tout en obtenant des compromis sur la participation financière de celle-ci aux coûts de sécurité.

Le billet nominatif reste la voie la plus appropriée, plaide Vassilis Venizelos, tout comme les autorités lausannoises. Il est juridiquement possible en cas d'introduction volontaire par les clubs. Le cas échéant, une base légale devrait être créée.

ats/fgn