Il est 16h ce jeudi 6 juillet lorsque le toit de la villa, vide à ce moment-là, de la famille Demierre s’enflamme. L’alerte est lancée par les voisins. Les pompiers sauvent la maison, mais pas sa toiture.
Michel Demierre est encore sous le choc: "Faut tout reconstruire... C’est dur à voir comme images. Le toit, c’est symbolique, c’est notre refuge et là les panneaux solaires prennent feu, on ne se sent plus en sécurité."
L’installation photovoltaïque, qu’il a choisi d’intégrer à la toiture lors de la construction il y a 5 ans, est à l’origine du sinistre. Le directeur de Soleol, la société qui a installé ces panneaux, s’est rendu immédiatement sur place.
Risque de surchauffe
Le fondateur de la société staviacoise, Jean-Louis Guillet, prend l’affaire au sérieux. "Le risque zéro n’existe pas, c’est des cas isolés, exceptionnels, qui font partie du risque du métier. Ce qui compte, c’est comment on réagit quand il y a un problème."
Il déconseillera à l’avenir la pose de ces panneaux intégrés au toit. Une solution considérée comme plus élégante mais qui surchauffe davantage faute d’espace de ventilation, et qui produit moins quand il fait plus de 25 degrés. Il promet de contrôler la centaine d’installations similaires chez ses clients, soit une petite minorité des 30'000 installations faites en 15 ans par cette société.
Pas de statistiques suisses
En Suisse, il n’existe pas de statistiques détaillées, ni d’enquête systématique sur ces sinistres. Aux yeux des assurances, le risque qu’une installation photovoltaïque s’enflamme n’est pas plus élevé que le risque que n’importe quel autre appareil électrique ménager brûle.
"On n’a pas d’éléments fiables pour le canton de Vaud qui permettent de mettre en évidence le risque avéré ou accru dans les panneaux intégrés. Mais ce que l’on peut mettre en évidence, c’est que les distances aux isolants combustibles sont importantes à prendre en compte. Plus on est loin de la charpente, plus on est loin des éléments combustibles et moins il y a de risque de propagation à ces éléments", précise Stéphane Farrugia, responsable technique opérations prévention à l'ECA.
Besoin de connaître la cause exacte
Alors que 16'000 panneaux sont posés chaque jour ouvrable en Suisse, l’ancien directeur du Laboratoire de photovoltaïque de la Haute école spécialisée de Berne insiste sur la nécessité d’éclaircir la cause de chaque sinistre, aussi rare soit-il.
"Une étude internationale a pu montrer qu’une installation intégrée à vingt fois plus de risque de commencer à brûler qu’une installation posée au-dessus du toit", rapporte-t-il.
Michel Demierre n’en savait rien et n’a pas eu de chance. Des panneaux, il en fera réinstaller mais au-dessus de son toit, cette fois.
Carole Pantet / juma