La commune, qui avait opté pour le marché libre, subissait l'envolée des cours de l'énergie. Aujourd'hui, la situation s'est détendue, mais Saint-Prex est toujours en colère.
Jan von Overbeck (PLR/VD) est municipal en charge de l'énergie saint-preyarde. Déjà invité à Forum il y a près d'une année pour dénoncer cette hausse de prix, qu'il qualifiait de "spéculative", il revient dans cette émission sur les évolutions récentes de l'affaire.
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La Comco a répondu à la commune de Saint-Prex que ce n'était pas de sa compétence, renvoyant vers Monsieur Prix, lui-même impuissant, renvoyant vers l'ElCom - l'autorité fédérale indépendante de régulation dans le domaine de l'électricité.
Finalement, la commune s'est tournée vers le conseiller fédéral Albert Rösti, exprimant avoir l'impression "que nos propres lois fédérales bloquent la transition énergétique, ce qui est quand même difficile à accepter dans une époque où on se rend compte qu'elle est nécessaire", regrette Jan von Overbeck.
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Investissement de 1,1 million
Mais pendant ce temps, la commune a mis en place une stratégie pour réduire sa facture d'électricité. Quelque 1,1 million de francs ont été investis dans des projets de panneaux solaires, ce qui permet d'augmenter la production propre d'électricité de 3 à 15%, selon Jan von Overbeck.
Cependant, le municipal se dit encore en colère, malgré ces investissements et la détente du marché de l'électricité.
Monopole de Romande Energie
En effet, avec la loi actuelle, si la commune injecte sa propre production d'électricité à 18 centimes dans le réseau, elle doit la racheter à 36 centimes. En dehors de l'autoconsommation, "ce n'est pas attractif", lance le municipal.
Il dénonce le "monopole" de Romande Energie, qui oblige les producteurs d'électricité souhaitant utiliser les lignes du groupe Romande Energie à revendre et racheter leur propre production sur le réseau.
Surtout que quelque 4000 à 6000 mètres carrés de toits d'entrepôts pourraient encore être utilisés pour installer des panneaux solaires. Mais sans conditions d'investissement rentables, la commune n'équipera pas les surfaces en question.
Vers des communautés électriques locales?
"Il y a une loi qui est en train d'être discutée au Parlement, le "Mantelerlass", qui devrait libéraliser une partie du réseau, se réjouit Jan von Overbeck. Donc, la loi autoriserait à fonder des communautés électriques locales (CEL). Sur la commune de Saint-Prex, on pourrait alors produire à un bout de la commune et utiliser l'électricité à un autre bout en payant simplement les taxes, mais pas en vendant et en rachetant notre propre production-"
Beaucoup de particuliers connaissent depuis longtemps cette situation. Malgré tout, les propriétaires sont de plus en plus nombreux à installer des panneaux solaires sur leur toit.
Mais selon Jan von Overbeck, le raisonnement est différent pour une commune. Il faut conquérir l'adhésion de la population pour délivrer des crédits aux projets photovoltaïques. Le municipal est persuadé que les citoyens de Saint-Prex n'accepteraient pas un tel investissement aux conditions actuelles. "On offre 18 centimes à Romande Energie pour chaque kilowattheure que l'on produit nous-même."
Le municipal entend faire du lobbying auprès du Parlement, des élus et d'Albert Rösti, espérant que le marché de l'électricité se libéralise au niveau local le plus rapidement possible.
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web: Julien Furrer