Invité mercredi de La Matinale, le conseiller d'Etat vaudois a refusé d'utiliser le mot "crise". La situation reste pourtant bel et bien singulière. "On n'a jamais eu autant d'arrivées sur le territoire vaudois", admet ainsi Vassilis Venizelos.
Pour le conseiller d'Etat en charge de la Sécurité, cet état de fait est le résultat de deux réalités. L'attractivité économique de l'Arc lémanique et le manque de main d'oeuvre dont souffre le canton de Vaud.
"Il faut rappeler que les gens du voyage bénéficient de la possibilité de travailler sur le territoire suisse pendant trois mois. Ceux qui sont sur le territoire vaudois sont pour la plupart au bénéfice d'un contrat de travail ou d'accords avec des propriétaires privés pour faire de petits travaux sur des maisons", précise-t-il.
Pas davantage d'infractions
L'Yverdonnois d'origine explique que cela signifie que des entreprises vaudoises ou des particuliers font appel aux services des gens du voyage.
L'élu précise par ailleurs qu'aucune augmentation du nombre des infractions pénales n'a pu être constatée sur les régions du territoire vaudois où ils résident. "Les gens du voyage européens viennent ici pour travailler", répète-t-il.
De la place "dans d'autres cantons"
Mais l'afflux soudain de caravanes peut toutefois poser des problèmes. Actuellement, une trentaine d'entre elles occupent sans autorisation un parking dans la commune de Penthalaz. La semaine dernière, le scénario était le même à Yverdon. A Lausanne, ce sont 450 gitans qui occupent illégalement un terrain depuis le mois de mars.
Vassilis Venizelos dit comprendre la situation des communes qui est d'après lui extrêmement compliquée. "Le canton accompagne les communes. Il met à disposition une aire de stationnement sur la commune de Rennaz, où 42 places sont aménagées pour accueillir des gens du voyage", rappelle-t-il.
Mais l'aire de stationnement de Rennaz affiche quasiment complet. Pour le conseiller d'Etat vaudois, la création d'un deuxième site cantonal n'est pas prévu, d'autant plus qu'il faudrait compter "quatre ou cinq ans" pour qu'il voit le jour. Pour lui, il faut tenter de rediriger certains membres de la communauté des gens du voyage, notamment ceux actuellement à Penthalaz, vers d'autres endroits, hors du canton.
"D'autres cantons mettent à disposition des aires de stationnement. Je crois qu'il y a de la place et des discussions sont en cours pour faire en sorte que les gens du voyage situés sur Penthalaz se dirigent plutôt vers les espaces qui ont été mis à disposition par les autorités cantonales", explique Vassilis Venizelos, sans donner davantage de précisions.
Vers des aires de stationnement "plus petites"
Plus globalement, c'est la politique d'accueil de cette communauté qui serait à revoir, selon l'élu vaudois. L'idée principale serait surtout de mettre à disposition de plus petites aires de stationnement.
"Aujourd'hui, on l'a vu à Bussigny ou dans le quartier de la Bourdonnette. On a des sites occupés par 100 caravanes, ce qui représente un impact fort sur le territoire et génère des risques sécuritaires et des difficultés relationnelles avec le voisinage (...) nous devons donc trouver une solution pour prévoir des aires de stationnement plus petites. Un dialogue avec les communes pour changer de stratégie dès la saison prochaine a d'ailleurs été engagé", conclut Vassilis Venizelos.
Propos recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: Tristan Hertig