Le postulat de la gauche radicale, qui souhaitait que le gouvernement vaudois demande à l'Unil de se doter d'une base légale visant à régler les procédures de retrait des doctorats honorifiques, a été largement classé mardi.
Dans l'hémicycle du Grand Conseil, tout le monde s'est accordé à dire que la remise du titre universitaire au dirigeant fasciste italien avait été une erreur à l'époque. Mais la droite et le centre ont défendu l'idée que d'"effacer d'un coup de gomme" le passé n'était pas la solution. Il s'agit d'affronter et assumer le passé plutôt que de l'effacer, ont dit en substance plusieurs députés.
Il ne faut pas avoir "la tentation simpliste de faire de la 'cancel culture'" ni du "révisionnisme à l'envers", ont appuyé deux élus vert'libéraux. A travers un groupe de travail composé d'experts, "l'Unil a pris ses responsabilités de manière autonome, avec transparence et courage", a aussi rappelé le chef du groupe PLR Nicolas Suter.
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"Corriger une erreur choquante"
La gauche a, elle, soutenu l'idée de "corriger une erreur choquante". La postulante Elodie Lopez a affirmé vouloir que le "Grand Conseil prenne position politiquement afin de faire un pas dans la réparation de cette erreur". La députée EP a rappelé que sans l'aval du Conseil d'Etat de l'époque, le titre honorifique n'aurait pas été décerné au dictateur italien. "Mon postulat n'a rien d'une ingérence auprès de l'Unil", a-t-elle encore assuré.
Le conseiller d'Etat en charge des écoles, Frédéric Borloz, a pour sa part estimé que l'Unil avait fait son travail de mémoire et qu'elle avait mis en place des mesures concrètes. "Elle a fait un travail sérieux, de fond et durable", a-t-il dit.
Le vote au plénum a été assez clair: 83 parlementaires ont opté pour le classement de ce postulat contre 43 qui voulaient le renvoyer au Conseil d'Etat. Onze députés se sont abstenus.
"Faute grave" reconnue
Fin juin 2022, un groupe de travail avait considéré que l'octroi du doctorat honoris causa à Benito Mussolini avait constitué une "faute grave" commise par les instances universitaires et politiques d'alors. "Ce titre constitue une légitimation d'un régime criminel et de son idéologie. Il recommande dès lors à l'Unil de reconnaître et d'assumer cela", affirmait-il dans un rapport de près de 30 pages.
Ses experts, mandatés en septembre 2020, ne recommandaient toutefois pas un retrait posthume du titre honorifique au Duce, notamment en raison de l'absence de base légale et du fait que le titre attribué s'était "éteint" avec la mort de Mussolini. Le groupe de travail proposait en revanche des mesures pour guider une "politique mémorielle", aussitôt adoptées par la direction.
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Pour rappel, le titre honorifique avait été décerné au Duce "pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l'histoire une trace profonde". Mussolini a passé près de deux ans en Suisse au tout début du 20e siècle et il a fréquenté pendant quelques mois la Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne.
ats/ebz