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Pour éviter la "pêche aux voix" avant les élections, Vaud interdit les débats dans les écoles

Frédéric Borloz, conseiller d'Etat vaudois en charge du Département de l'enseignement et de la formation professionnelle. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Pas de débats politiques à l'école avant les élections dans le canton de Vaud / Le Journal horaire / 21 sec. / le 30 août 2023
Les débats politiques dans les lieux de formation vaudois sont désormais interdits au cours des dix semaines précédant une élection. Prise par le conseiller d'Etat en charge de la Formation Frédéric Borloz, cette décision vise à empêcher la "pêche aux voix" en période électorale.

Le conseiller d'Etat a profité mardi de la séance du Grand Conseil pour justifier une décision qui avait commencé à fuiter début août, après une demande écrite début juin des candidats aux Etats Pierre-Yves Maillard (PS) et Raphaël Mahaim (Les Verts) qui demandaient à son département de faciliter l'organisation de débats contradictoires dans les établissements (écoles professionnelles, gymnases, etc.).

Les débats dans les écoles sont importants pour former les jeunes à la citoyenneté, mais ils ne peuvent pas être organisés "n'importe quand", a relevé le ministre PLR.

Les débats en vue d'une votation, qui ne relèvent pas de "la politique pure", ne posent pas problème, selon lui. Mais ce n'est pas le cas pour ceux liés à des élections (fédérales, cantonales ou communales), où l'équité est plus difficile à assurer. Le conseiller d'Etat a évoqué la tentation "d'une pêche aux voix" en période électorale.

"Pour que les débats soient sereins", ils devraient se dérouler avant la période de 10 semaines précédant une élection, ou après cette élection. "Ma décision est à la fois ferme et modérée, car seule une petite période est concernée", a ajouté Frédéric Borloz, précisant qu'une directive allait être envoyée dans les lieux de formation vaudois.

"Des moments vivifiants"

Cette décision a fait bondir la gauche. Le président du PS Romain Pilloud a relevé que l'organisation d'un débat contradictoire, où tous les avis politiques pouvaient être entendus, n'avait rien à voir avec de "la propagande". Au contraire, ce sont des "moments vivifiants" qui permettent aux jeunes de se frotter à des questions citoyennes.

"On se demande si Frédéric Borloz n'est pas contre le débat politique. On nage en plein délire, car si on regarde dix semaines avant les élections fédérales, c'est les vacances d'été, avant ça, c'est les examens, donc on ne peut pas vraiment en discuter", estime-t-il dans l'émission Forum, mardi soir.

Pour son homologue des Vert-e-s Alice Genoud, la décision du Conseil d'Etat est "une atteinte à la liberté" des écoles à organiser de tels débats. Ceux-ci sont des "moments formateurs et bénéfiques", d'autant plus au vu de "la défiance" actuelle des jeunes envers l'action politique.

Hadrien Buclin (Ensemble à Gauche - POP) a parlé d'une décision "infantilisant" les élèves, ceux-ci étant "capables de faire face à des débats contradictoires."

Résolution écartée

A droite, plusieurs députés ont soutenu Frédéric Borloz. A l'instar de l'UDC Céline Baux qui a affirmé que des débats en période électorale relevaient "de la manipulation" et servaient uniquement à "mettre en avant certaines personnalités". Pour le PLR François Cardinaux, "l'école est un lieu pour étudier, pas pour y faire de la politique."

"Aller devant des élèves qui sont majeurs, qui sont donc des électeurs, ce n'est pas neutre politiquement. J'ai fait des débats en période électorale et à chaque fois, j'essaie de convaincre les gens dans la salle de voter pour moi", explique la présidente du PLR vaudois et députée Florence Bettschart-Narbel dans Forum.

La gauche a déposé une résolution pour tenter d'infléchir la décision de Frédéric Borloz, mais celle-ci s'est heurtée à la majorité de droite du Grand Conseil. Le texte a été classé par 74 voix, contre 62 pour et 5 abstentions.

>> Voir le grand débat de Forum :

Le grand débat - Débats électoraux: pas à l'école?
Le grand débat - Débats électoraux: pas à l'école? / Forum / 18 min. / le 29 août 2023

jfe avec ats

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Quid des autres cantons romands?

Dans la plupart des cantons romands, les lieux de formation accueillent des débats politiques, mais à différentes conditions. A Neuchâtel, l'Etat ne s'en mêle pas et les écoles se chargent de l'organisation, pour autant que l'équilibre politique soit garanti.

En Valais et à Fribourg ces débats sont possibles et même encouragés afin d'intéresser les jeunes à la vie politique, aussi en période électorale. Ces discussions sont organisées par la direction des écoles ou les enseignants, mais pas par les partis.

A Genève, la situation est plus stricte. Le Canton est d'accord pour l'organisation de débats par les partis ou les enseignants avant les votations. Il n'est en revanche pas possible d'en organiser avant une échéance électorale.

Près de 400 candidats pour le National, 13 pour les Etats

Dans le canton de Vaud, 384 personnes sont en lice pour obtenir l'un des 19 sièges du canton au Conseil national lors des élections fédérales de cet automne. Treize candidats briguent le Conseil des Etats, où les deux fauteuils sont à repourvoir.

Pour le National, le nombre de candidats est très légèrement supérieur à 2019, ce qui constitue un nouveau record. Les intéressés se répartissent sur 22 listes dont l'ordre a été tiré au sort lundi.

Moins de candidats aux Etats

Les deux sièges vaudois à la Chambre des cantons sont à repourvoir, Olivier Français (PLR) et Adèle Thorens (Verts) ne rempilant pas. Les deux anciens conseillers d'Etat Pascal Broulis (PLR) et Pierre-Yves Maillard (PS) partent favoris. Le premier fait équipe avec l'UDC Michaël Buffat, le second avec Raphaël Mahaim (Verts).

Face à ces tickets 100% masculins, les jeunes Verts et PS présentent chacun une candidate, Angela Zimmermann et Margarida Janeiro, sur des listes distinctes. A la gauche de la gauche, le POP lance Anaïs Timofte et Zakaria Dridi, Ensemble à Gauche mise sur Hadrien Buclin et Ella-Mona Chevalley. Céline Weber défendra les couleurs des Vert'libéraux, et Emmanuel Gétaz celles des Libres. Enfin, les Indépendants vaudois proposent François Meylan.