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L'interdiction des débats politiques dans les écoles vaudoises continue de faire des vagues

Les réactions ne faiblissent pas après la décision du canton de Vaud d’interdire les débats politiques dans les écoles
Les réactions ne faiblissent pas après la décision du canton de Vaud d’interdire le débats politiques dans les écoles / 19h30 / 2 min. / le 1 septembre 2023
À deux mois des élections fédérales, l'interdiction d'organiser des débats politiques dans les écoles vaudoises donne lieu à une controverse qui dépasse les frontières du canton. Dans une prise de position peu commune en politique suisse, le président du Centre Gerhard Pfister a notamment dénoncé une décision "ridicule".

Une directive du Département vaudois de l'enseignement interdit les débats électoraux dans les établissements de formation scolaire ou professionnelle durant les dix semaines précédant une échéance électorale. L'objectif, selon le chef du département Frédéric Borloz, est d'éviter la "pêche aux voix".

>> Lire à ce sujet : Pour éviter la "pêche aux voix" avant les élections, Vaud interdit les débats dans les écoles

"Nous y voyons un risque potentiel d'instrumentalisation de l’école à des fins électoralistes [...] en particulier auprès des élèves du postobligatoire. Et nous sommes tenus par la loi de garantir la neutralité de l’école, de s’assurer qu'il n’y a pas de propagande politique", a précisé vendredi soir le directeur cantonal de l'enseignement postobligatoire Lionel Eperon dans le 19h30.

"L'école doit rester neutre politiquement; la propagande politique est prohibée dans les classes", a encore justifié Frédéric Borloz dans le journal Le Temps.

Cette décision a toutefois été immédiatement très critiquée, dès mardi avant même son officialisation. La gauche, dans un premier temps, a évoqué une "atteinte à la liberté" des écoles, un "déni de démocratie" et une décision "infantilisante" pour les élèves, d'autant plus dommageable au vu de "la défiance" des jeunes envers la politique. "On se demande si Frédéric Borloz n'est pas contre le débat politique" tout court, a tancé le président du PS vaudois Romain Pilloud mardi soir dans Forum.

La polémique a pris de l'ampleur mercredi sur les réseaux sociaux lorsque le président du Centre suisse Gerhard Pfister a vertement dénoncé cette décision. "Il faudra expliquer ce qu'il y a de libéral dans cette décision d'un conseiller d'Etat libéral", a-t-il commenté sur X, ex-Twitter. "Quiconque a peur des jeunes intéressés par la politique devrait laisser la politique tranquille."

Puis, interrogé vendredi matin dans La Matinale de la RTS, il a enfoncé le clou sur ce sujet qui, en tant qu'ancien enseignant, lui tient à coeur. "Ça m'énerve. J'étais le même jour à une discussion dans un lycée cantonal à Zoug, c'était une discussion très controversée mais très fair-play", a-t-il affirmé.

"Je ne comprends pas pourquoi un conseiller d’Etat en charge de l’éducation ne fait pas suffisamment confiance aux jeunes pour mener une discussion politique concernant les élections. C'est ridicule", a-t-il encore martelé.

>> Sa réaction dans La Matinale de vendredi :

Gerhard Pfister sur l'interdiction des débats dans les écoles vaudoises
Gerhard Pfister sur l'interdiction des débats dans les écoles vaudoises / L'actu en vidéo / 48 sec. / le 1 septembre 2023

Du côté des élèves, principales et principaux intéressés, la nouvelle ne fait pas grand remous. "Je trouve ça vraiment dommage parce que beaucoup d'entre nous, en troisième année, seront majeurs dans pas longtemps", déplore toutefois un jeune Vaudois dans le 19h30, dont l'école a été contrainte d'annuler un débat avec des membres des jeunesses des principaux partis.

Des débats auront bel et bien lieu dans d'autres cantons, notamment au lycée Jean-Piaget à Neuchâtel. "C'est une volonté de notre part de mobiliser les élèves, dans une implication citoyenne plus que politique", explique sa directrice adjointe Adèle Mantuano, qui précise que l'école exerce un "droit de regard" sur les participants et les participantes afin de proposer "un panel totalement équilibré au niveau des partis représentés".

Sujet TV: Claude-Olivier Volluz, Gabriel de Weck et Cécile Durring

Texte web: Pierrik Jordan

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Passe d'arme sur X

La réaction haute en couleurs du président du Centre Gerhard Pfister a suscité le débat sur le réseau social d'Elon Musk.

"Quiconque présente cela comme une protection des institutions doit être un soldat du parti [...] qui, étonnamment, a peu confiance dans les écoles", a-t-il ainsi ajouté en réponse au conseiller national PLR neuchâtelois Damien Cottier, qui estimait que Frédéric Borloz s'était comporté en "gardien des institutions" face à la gauche qui, selon lui, "voulait faire [sa] campagne électorale dans les écoles".

"Une campagne électorale se mène dans la rue, dans les bistrots, dans les médias,... pas à l’école. Le débat politique équilibré et thématique y a sa place tout le reste de l’année", a argué l'élu PLR pour défendre son camarade de parti. "Il faut parfois parler de politique à l'école, mais avant les élections, seulement du temps qu'il fait?", a rétorqué Gerhard Pfister.