"Le millésime 2023 est un beau millésime, mais il reste hétérogène et il va être très technique. C'est-à-dire que les vignerons devront beaucoup trier", prévient Jérôme Aké Béda.
Nommé sommelier de l'année en 2015, celui qui officie pour l'Auberge de l'Onde à Saint-Saphorin estime toutefois qu'il n'est pas nécessaire de changer les cépages actuels pour s'adapter au changement climatique. "On ne va pas planter des mourvèdres ou des grenaches sur les coteaux de Lavaux. Il faut laisser les cépages rouges qui y sont".
Et le sommelier de citer le pinot noir et le gamay, des cépages naturellement légers au niveau de la structure: "Aujourd'hui, on cherche justement des vins plus digestes, plus légers. Et avec le réchauffement climatique, il y aura un peu plus de sucre. Ces vins seront donc agréables à boire et pourront se garder, en trouvant l'équilibre entre acidité et onctuosité."
L'importance du chasselas
Pour Jérôme Aké Béda, dire que le chasselas est le meilleur cépage du monde n'est pas exagéré. "Je pense que c'est le cépage qui est la réponse au réchauffement climatique. C'est un vin de terroir, et quel que soit le millésime, il sait toujours s'adapter. Et c'est dans le vieillissement qu'il devient redoutable", s'enthousiasme-t-il.
Questionné sur l'intérêt croissant pour les vins nature, le sommelier souligne qu'ils ne sont pas encore entrés dans les habitudes de consommation. "Mais ça reste des vins d'avenir, car ils sont digestes et ils demandent moins d'interventions du vigneron."
Interrogé enfin sur la région viticole suisse qui comprend le plus de grands vins, dans une idée statistique par rapport à la production de chaque canton, Jérôme Aké Béda estime que "en vérité, le Valais a l'avantage, devant le canton de Vaud."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Victorien Kissling