"La 3e correction du Rhône est le plus grand chantier fluvial de Suisse et même l'un des plus grands d'Europe", a déclaré le conseiller d'Etat vaudois en charge de l'environnement Vassilis Venizelos. "Il s'agit de protéger des milliers de personnes d'inondations et des dégâts potentiels évalués à 2 milliards de francs, tout en donnant un gros coup de pouce à la biodiversité", a-t-il affirmé.
Après 20 ans de planification, ce chantier inédit se déclinera en sept étapes principales pour le Chablais, sur 30 km et jusqu'en 2040. Il affectera les deux berges du Rhône, soit les territoires vaudois et valaisans.
Devant les médias, Vassilis Venizelos était accompagné de la responsable de la section R3 à la Direction générale de l'environnement du Département vaudois de la jeunesse, de l'environnement et de la sécurité Marianne Gfeller, du syndic d'Aigle Grégory Devaud et du municipal d'Ollon Gilbert Freymond. Des représentants valaisans étaient aussi présents.
Une nouvelle digue
La première étape - "Mesure anticipée des Grandes Iles"- concerne notamment la construction d'une nouvelle digue de 1,5 km (3,5 m de haut et 25 m de large) sur les communes d'Ollon et de Bex, sur le pourtour de la forêt des Grandes Iles, de l'embouchure de la Gryonne jusqu'au pont de la Moutonnerie à St-Triphon. Elle prévoit aussi le renforcement de la digue plus en amont. Les travaux, les premiers sur sol vaudois, ont débuté le 4 septembre dernier.
C'est dans ce secteur en particulier que la digue actuelle, vieille de 80 ans, menace de céder en cas de fortes crues, fragilisée par l'érosion. L'objectif consiste à protéger en particulier la zone industrielle d'Aigle, forte de quelque 5500 emplois, contre les inondations. "Il ne faudrait que cinq heures pour que cette zone, située à moins de 8 km en aval, se retrouve sous deux mètres d'eau", a expliqué Marianne Gfeller.
A terme, la digue actuelle du secteur des Grandes Îles sera supprimée pour redonner une dynamique naturelle au fleuve. Cela permettra à l'eau de divaguer librement dans la forêt et de recréer un lien avec les milieux riverains, ont précisé les responsables.
Revitaliser et renaturer
"Ce premier réaménagement permettra aussi d'entamer des travaux de revitalisation et de renaturation du fleuve en favorisant la biodiversité qui l'entoure", a souligné Marianne Gfeller.
Le défrichement d'une partie de la forêt des Grandes Iles, nécessaire à la réalisation de la nouvelle digue, sera compensé par la plantation d'essences plus variées et résistantes aux effets du changement climatique. Des mares et des milieux humides sont également prévus, a-t-elle détaillé.
Au lieu du bitume actuel, la nouvelle digue sera recouverte de graviers. Sa pente, plus douce, offrira aux différents usagers des accès pour profiter plus facilement des rives du Rhône.
730 millions au total pour le Chablais
Le financement de cette première intervention, entièrement sur sol vaudois et qui s'achèvera en automne 2025, se monte à 20 millions de francs. Il est assuré par la Confédération, les Cantons de Vaud et du Valais, ainsi que les communes concernées. A terme, l'ensemble de la correction du Rhône sur les 30 km du fleuve dans le Chablais, entre Bex et Yvorne, est estimé à 730 millions de francs.
Les six autres étapes concernent notamment le renforcement et l'élargissement de la digue actuelle dans différents secteurs, passant de 60 à 95 m, la construction d'un palier hydroélectrique à Massongex, la revitalisation et la renaturation de plusieurs zones, dont celle du delta de l'embouchure du Rhône. Elles seront échelonnées de 2024 à 2040.
La 3e correction du Rhône est le plus grand projet de protection contre les crues en Suisse. Le chantier s'étend sur 162 kilomètres, de Gletsch au Léman. Le coût total est estimé à 3,6 milliards de francs étalés sur 30 ans et assumés aux trois quarts environ par la Confédération.
furr avec ats