Le verdict était attendu et il a été reçu lundi matin par les parties à la procédure. Alain Soral est condamné pour avoir tenu des propos homophobes à l’encontre de la journaliste de la Tribune de Genève Cathy Macherel.
Reconnu coupable de diffamation, de discrimination et d'incitation à la haine, le polémiste franco-suisse est condamné à une peine privative de liberté de 60 jours. Il peut recourir auprès du Tribunal fédéral contre cette décision.
Ce verdict constitue un succès pour le Ministère public vaudois. C'est en effet lui qui avait saisi le Tribunal cantonal après avoir constaté que le Tribunal de police n’avait pas retenu l’incitation à la haine à l’encontre d’Alain Soral.
"Haine et mépris"
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, était jugé pour ses propos à l'encontre d'une journaliste de La Tribune de Genève et de 24 heures. Après un article peu à son goût, datant de 2021, il avait publié une vidéo sur internet où il taxait la journaliste de "grosse lesbienne" et "militante queer", insinuant que ce dernier terme voulait dire "désaxé".
Pour le Ministère public, ces propos ne relèvent pas seulement de la diffamation. "Ce ne sont pas que des mots, ce sont des messages. M. Soral a de la haine et du mépris pour les homosexuels", avait martelé le procureur général Eric Kaltenrieder, dont c'était le premier réquisitoire à ce poste.
Procès en appel
Alain Soral repassait devant la justice vaudoise à la suite de l'appel déposé par le Ministère public en février dernier contre le jugement du Tribunal d'arrondissement de Lausanne du 16 décembre 2022. Alain Soral avait écopé de 30 jours-amendes à 50 francs pour diffamation. Il avait aussi été condamné à verser 500 francs pour tort moral à la plaignante.
Le Parquet avait une nouvelle fois requis trois mois de prison ferme, dans une "logique pénale" pour "dissuader le prévenu de récidiver", lui qui a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions liées à la provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.
Le nouveau procureur général Eric Kaltenrieder s'est appuyé sur la nouvelle disposition du Code pénal (art. 261 bis), approuvée par le peuple en février 2020. Elle permet de sanctionner la propagation de la haine ainsi que les appels à la discrimination ou à la violence fondés sur l'orientation sexuelle, à l'instar des discriminations visant l'ethnie, la religion ou l'origine depuis la norme antiraciste introduite en 1995.
De son côté, Alain Soral avait reconnu des "propos un peu virulents". Le Lausannois d'adoption, où il réside depuis 2019, avait toutefois assuré qu'il n'était pas "un militant homophobe, comme voudrait le faire croire le Ministère public."
L'avocat d'Alain Soral, Pascal Junod, n'était pas encore disponible lundi pour une réaction. Et notamment pour dire si son client allait désormais saisir le Tribunal fédéral.
Fabiano Citroni, Pôle Enquête