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Cann-L, l'essai pilote de vente régulée de cannabis récréatif, débute bientôt à Lausanne

Cann-L, l'essai pilote de vente régulée de cannabis récréatif, débute bientôt à Lausanne. [Keystone - Georg Wendt]
Genève et Lausanne entrent dans la phase concrète de la vente de cannabis en Suisse romande / La Matinale / 1 min. / le 4 octobre 2023
L'essai-pilote lausannois de vente régulée de cannabis récréatif entre à son tour dans une phase concrète. Un point de vente ouvrira d'ici la fin de l'année au centre-ville. Quelque 200 personnes se sont d'ores et déjà inscrites pour participer au projet baptisé Cann-L.

"Avec l’ouverture des inscriptions et celle du lieu de vente vers la fin de l’année, c’est un projet majeur du programme de législature de la Municipalité qui se concrétise aujourd’hui", s'est réjoui Émilie Moeschler, municipale en charge des sports et de la cohésion sociale.

Après de multiples étapes qui ont débuté en 2015, toutes les pièces de l'essai-pilote sont désormais en place, dont la dernière, le lieu de vente. "Nous avions la volonté de trouver un endroit au centre-ville: ce sera à la rue du Maupas 7, un site facilement accessible", a-t-elle détaillé. Le magasin va désormais être aménagé et l'équipe de vente complétée d'ici la fin de l'année.

Le point de vente vendra les produits d'une exploitation genevoise, sous forme d’herbe (marijuana) et de résine (haschich). Ils pourront être achetés dans le cadre des quantités limitées fixées par la législation fédérale et avec un taux maximal de 20% de THC. Ils sont exclusivement destinés à une consommation personnelle et dans la sphère privée.

>> Ecouter l'interview d'Emilie Moeschler :

Emilie Moeschler est la troisième candidate du PS à la Municipalité de Lausanne, aux côtés des sortants Florence Germond et Grégoire Junod. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]KEYSTONE - Jean-Christophe Bott
Projet pilote de vente régulée de cannabis récréatif: interview d'Emilie Moeschler / La Matinale / 1 min. / le 4 octobre 2023

Embouteillages prévus

Si près de 2500 personnes ont manifesté leur intérêt sur le site internet du projet, 1800 d’entre elles sont potentiellement éligibles: 200 ont été contactées depuis le 21 septembre dernier et ont déjà pris rendez-vous pour un premier entretien obligatoire, a annoncé Frank Zobel, directeur adjoint d’Addiction suisse, qui mène le volet scientifique du projet. Quelque 1600 courriels sont par ailleurs partis mardi pour la suite des inscriptions.

"Des embouteillages" sont à prévoir, en raison du temps nécessaire aux entretiens et au stock relativement limité de cannabis disponible actuellement, a-t-il averti. "Nous allons intégrer les personnes intéressées petit à petit, avec pour cible un panel de 1200 personnes. L'an prochain, deux ou trois sites de production fourniront de la marchandise au lieu d'un actuellement, a-t-il précisé.

Questionnaire deux fois par an

Inspiré du Québec, le projet lausannois a pour objectif de suivre l'évolution du marché noir, mais aussi évaluer les effets d'une vente à but non lucratif sur le comportement des consommateurs, a rappelé le responsable. A cet effet, les participants devront répondre à un questionnaire tous les six mois.

L'entretien préalable de 45 minutes permettra de rappeler le cadre du projet et de confirmer l’éligibilité (être majeur, résider à Lausanne et être déjà consommateur de cannabis). Une carte personnelle permettra d’acheter le cannabis. Elle servira également à justifier de la possession du produit en cas de contrôle par la police.

Beaucoup d'inconnues

Selon Frank Zobel, "le marché du cannabis est le plus désorganisé de tous". Il y a donc beaucoup d'inconnues sur l'impact de l'essai  - quantité vendue, nombre de participants, etc.

L'association espère pouvoir rester proche des prix du marché noir, soit entre 9 francs et 13 francs le gramme. "Nous ne pourrons pas concurrencer les bas prix qu'obtiennent les gros consommateurs. Mais selon des témoignages, il semblerait que la clientèle soit prête à payer un surplus pour un produit de qualité, sans cannabinoïdes de synthèse", a relevé le responsable.

Réduire les nuisances

En Suisse, 4% des personnes majeures consomment du cannabis. A Lausanne, leur nombre est estimé à 6500 environ, dont 1500 au quotidien pour un chiffre d'affaires d'environ neuf millions, a rappelé Pierre-Antoine Hilbrand, municipal en charge de la sécurité. Pour l'élu, Cann-L "doit permettre de réduire le marché illégal et les nuisances qu’il engendre".

Le projet, d'un coût de 1,7 million de francs, est prévu sur une durée de quatre ans et demi. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) avait donné son feu vert en mars dernier.

En 2023, les villes de Bâle et Zurich se sont déjà lancées dans la vente contrôlée de cannabis en pharmacie. Le canton de Genève a annoncé la semaine dernière que sa Cannabinothèque ouvrirait ses portes à Vernier en décembre prochain. L’ensemble de ces projets nourriront les réflexions sur l’évolution de la législation fédérale dans le domaine du cannabis.

ats/furr

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