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Bête noire des agriculteurs vaudois, le sanglier a généré deux fois plus de coûts que le loup en 2022

Le sanglier cause de nombreux dégâts dans le canton de Vaud, le plus touché de Suisse
Le sanglier cause de nombreux dégâts dans le canton de Vaud, le plus touché de Suisse / 19h30 / 2 min. / le 4 octobre 2023
Vaud est le canton le plus touché du pays par le sanglier, avec plus d'un million de francs d'indemnités versées en 2022 pour des dégâts occasionnés aux terres agricoles. L'espèce est rusée et se reproduit à vitesse grand V, nécessitant le maintien d'une intense régulation.

"Je te félicite, c'est une belle opération!", lance Fabrice Haldemann à son camarade chasseur. Tous deux portent à bouts de bras un sanglier abattu près d'un marais du Jura vaudois. "C'est vraiment une nécessité d'en tirer parce qu'il y en a trop et les paysans se plaignent de manière légitime", explique Charles-Henri de Luze dans le 19h30.

"Ça énerve!", confirme Pierre-André Pellet. Cet agriculteur à Saint-Livres (VD) a récemment vu l'une de ses parcelles de colza fraîchement semé sérieusement endommagée par une compagnie de sangliers, qui ont retourné la terre à la recherche de racines et de vers.

"Le plus grand impact, c'est sur les prairies. Les sangliers font des trous qu'on doit reboucher, pour pouvoir faucher sans faire de dégâts aux machines. Ça prend du temps. L'Etat nous défraie, mais à 20 francs de l'heure…", déplore le paysan, un brin désabusé.

Plus de coûts que le loup

Au total, plus d'un million de francs ont été versés aux agriculteurs vaudois l'an dernier en guise d'indemnités et de mesures de prévention contre le sanglier. A titre de comparaison, le loup a coûté presque deux fois moins aux caisses de l'Etat pour prévenir et indemniser les attaques contre le bétail.

Après plusieurs années noires et des dégâts records, les dépenses liées au sanglier sont toutefois en net recul depuis deux ans – contrairement à celles du grand canidé. Preuve que l'extension de la période de chasse du sanglier au printemps et à l'été (une mesure en vigueur depuis 2017), ajoutée à l'absence de quota pour cette espèce, commence à porter ses fruits.

"On a repris un peu le contrôle, on peut le dire", se réjouit Frédéric Hofmann, chef de la section chasse, pêche et surveillance du canton de Vaud. Pas question toutefois de baisser la garde: "Ce n'est pas encore gagné, on va maintenir la pression encore quelques années parce que l'espèce est tellement fertile et tellement prolifique que la situation peut se renverser très rapidement, en l'espace d'une année ou deux."

Entre 2018 et 2022, plus de 8230 sangliers ont été prélevés dans le canton de Vaud. Un quart environ par les garde-faunes, le reste par des chasseurs amateurs.

Yoan Rithner

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