Manon Schick: "Le canton de Vaud connaît des difficultés à former et garder ses éducateurs"
Les centres d’hébergements éducatifs sont sous tension dans le canton de Vaud. On parle même d’un "système arrivé à saturation". Invitée jeudi dans Forum, Manon Schick, directrice générale de l'enfance et de la jeunesse du canton de Vaud, explique cette pénurie de personnel notamment par l’exigence élevée que requièrent les métiers de la protection de l’enfance.
Un problème loin d'être isolé
"Le manque de personnel est présent depuis plusieurs années dans ce foyer en particulier. C’est un centre très exigeant, ouvert 24h sur 24 et 7 jours sur 7, il faut donc être capable d’offrir une présence continue pour permettre l'encadrement des jeunes à tout moment de la journée. Dans ce cadre-là, le recrutement d’éducatrices et d’éducateurs est plus contraignant".
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Manon Schick admet toutefois que ce problème existe dans d’autres foyers du canton. "Le cas Inter Val est une illustration de la difficulté que connaît le canton à former et garder ses éducateurs".
Elle évoque également la question des salaires. "Les éducateurs vaudois gagnent moins que les éducateurs travaillant dans d’autres cantons romands. La différence salariale significative conduit donc à beaucoup de départs".
"Un métier d'avenir"
La directrice générale de l'enfance et de la jeunesse du canton de Vaud garde toutefois espoir. "Il y a encore beaucoup de personnes qui ont envie de travailler dans le domaine social, en particulier celui de la protection de l'enfance, c'est un métier très gratifiant mais aussi un métier d’avenir."
Manon Schick se veut également rassurante concernant l'ampleur relative de la pénurie de main d'oeuvre dans le canton. "Dans notre secteur, on a calculé qu’il nous manque entre 50 et 70 éducateurs. Avec une revalorisation de la branche, on a de bonnes chances de pallier à cette pénurie", indique-t-elle.
Il y avait beaucoup de violence, d’incompréhension et de fatigue. On se trouve épuisé à faire quelque chose qui n’a plus vraiment de sens
Un éducateur qui a travaillé quatre ans dans un foyer du canton explique avoir décidé de changer de canton en raison de conditions de travail difficiles. "Je travaillais avec des ados et je me suis retrouvé dans une équipe qui a éclaté, c’est quelque chose d’assez récurrent dans cette branche. Il y avait beaucoup de violence, d’incompréhension et de fatigue. On se trouve épuisé à faire quelque chose qui n’a plus vraiment de sens", témoigne-t-il anonymement à la RTS.
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Propos recueillis par Caroline Pauchard/hkr