Des Lausannois dubitatifs face aux premières données sanitaires liées à la pollution aux dioxines
Le but de l'étude, menée par Unisanté, vise à mesurer la concentration de dioxines dans le sang et à la comparer entre deux groupes de 50 participants: ceux qui se trouvent à Lausanne dans le périmètre de pollution et ceux qui vivent ailleurs dans le canton.
Pour l'ensemble des participants, la concentration moyenne de dioxines a déjà pu être calculée. Elle se monte à environ 7,5 pg TEQ par gramme de graisse. S'il n'existe pas de valeur de référence en Suisse, ce chiffre est "comparable aux observations faites dans des pays voisins, la France par exemple", indiquent mardi le Canton de Vaud et la Ville de Lausanne dans un communiqué.
Des informations lacunaires
"J'ai une part de moi-même qui comprend la nécessité de ne pas affoler inutilement la population. Cependant, pour quelqu'un qui n'est pas au clair avec les chiffres donnés, ça ne donne pas une très bonne évaluation du risque couru. J'attends beaucoup plus de la part des autorités", témoigne Bruno Barthélémy, mercredi dans La Matinale de la RTS.
Médecin retraité, atteint aujourd'hui d'un cancer, il vit depuis trente ans à côté de l'ancienne usine d'incinération du Vallon qui a pollué une partie des sols lausannois. Avec son épouse, il a consommé les légumes de son jardin. La concentration de dioxines dans son sang est au-dessus de la moyenne.
Les données récoltées montrent "une grande variabilité" à l'intérieur des deux groupes. Celle-ci était toutefois attendue, sachant que les participants présentent des facteurs biologiques et d'exposition très individuels (âge, corpulence, régime alimentaire, etc), a précisé le Département de la santé et de l'action sociale (DSAS).
Une première étape
"L'idée de cette première communication est que chacun puisse disposer de son dosage individuel avec quelques éléments de contexte", répond David Vernez, professeur et responsable du projet. Il comprend donc les inquiétudes. "Il n'y a aucun risque immédiat. On est bien en dessous des seuils identifiés pour les risques de cancer. On a des concentrations assez similaires à ce qu'on observe dans les pays voisins."
Il explique qu'Unisanté va désormais analyser les résultats, en particulier le croisement des résultats sanguins avec les questionnaires remplis par les participants. Les résultats et leur interprétation seront communiqués "en principe à l'été 2024". Ils permettront, le cas échéant, d'affiner les mesures de santé publique.
Recommandations sanitaires
Un autre projet pilote, concernant cette fois-ci le changement de terre, sera lancé cette année. Son objectif consistera à savoir comment les terres pourront être assainies, notamment en termes de profondeur et de surface. Il permettra aussi d'évaluer les coûts d'un tel chantier.
Dans leur communiqué, les autorités vaudoises et lausannoises rappellent que la pollution des sols, découverte en 2021, ne représente "pas un danger immédiat pour la santé." Des recommandations sanitaires doivent néanmoins être suivies par les détenteurs de jardins potagers et de poulaillers, ainsi que par les utilisateurs de parcs et jardins.
A ce titre, la Ville de Lausanne annonce qu'elle va mettre en place de nouveaux panneaux de recommandations sur différents sites où jouent des enfants.
Sujet radio: Martine Clerc
Adaptation web: vajo avec ats
Une page internet, ainsi qu'une ligne téléphonique (021 316 40 30) sont toujours à disposition de la population.
Projets de dépollution en cours
Concernant les sols, le Canton et la Ville rappellent que plusieurs projets pilotes de dépollution des terres en laboratoire ont été lancés le printemps dernier. Il s'agit notamment d'obtenir une dégradation des polluants par des micro-organismes ainsi que par un traitement thermique.
Ces tests sont jugés "prometteurs". Les études se poursuivent afin d'évaluer "la faisabilité de recourir à ces traitements à plus large échelle."
En parallèle, des explorations sont menées en matière de lavage de terres, à l'aide notamment de techniques habituellement appliquées à d'autres types de pollutions. Leurs résultats sont attendus pour le deuxième semestre de cette année.
"A terme, l'ensemble des données récoltées permettront d'évaluer les méthodes d'assainissement les plus adaptées pour la région lausannoise", poursuit le communiqué.