L’évolution démographique, le vieillissement de la population ainsi que l’augmentation des maladies chroniques entraînent une hausse des besoins en personnel de santé. Certains secteurs souffrent déjà d’un phénomène de pénurie qui devrait s'aggraver ces 15-20 prochaines années, a déclaré Rebecca Ruiz, la cheffe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) lundi devant la presse à Lausanne.
Selon l'Observatoire suisse de la santé, il devrait ainsi manquer de 2000 à 2500 infirmiers et infirmières dans le canton d'ici 2030, ainsi qu'environ 500 assistants en soins communautaires (ASSC), a poursuivi son collègue Frédéric Borloz, le chef du Département de l’enseignement et la formation professionnelle (DEF).
En Suisse, plus de 30% des infirmiers ou infirmières quittent la profession avant 35 ans en raison notamment de la pénibilité, a-t-il rappelé. "L'enjeu est prioritaire. La pénurie, qui dépasse largement les frontières du canton et de la Suisse, exige de prendre des mesures rapides, à l'instar des mesures prises par le Valais."
Mettre l'accent sur la formation
Le DEF et DSAS ont donc développé un programme ambitieux avec les partenaires du terrain, a déclaré Rebecca Ruiz. InvestPro se veut une réponse à différents objets parlementaires cantonaux et à l’initiative fédérale "Pour des soins infirmiers forts", acceptée en 2021, qui entrera en vigueur dès l'été prochain.
Trois axes prioritaires ont été identifiés, parmi lesquels la formation. "Quelque 300 infirmiers et infirmières sont formés chaque année dans les différentes écoles du canton. Nous souhaiterions passer à 450", a détaillé Frédéric Borloz.
Le soutien aux étudiants en difficultés financières va passer de 400 francs à 1200 francs par mois. Un effort sera également conduit en faveur de toute une série d'autres formations (ASSC, assistants socio-éducatifs, médicaux, laborantins, etc). Un soin particulier sera également apporté à la formation continue et aux possibilités de reconversion.
Revaloriser et fidéliser
Le deuxième axe vise à attirer davantage de monde vers les professions des soins, de santé et du socio-éducatif. Des actions seront notamment menées dans les écoles.
Le chapitre trois d'Investpro vise à améliorer les conditions de travail et à soutenir une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle. Par exemple avec des congés supplémentaires pour compenser les horaires contraignants ou avec une annonce des plannings suffisamment à l'avance.
La fidélisation passe également par une meilleure reconnaissance du travail, moins de tâches administratives ou encore un bon ratio patient/professionnel. Le canton va encourager les employeurs à aller dans ce sens.
Un investissement de 90 millions
Enfin, l'Etat a pris de mesures en matière de revalorisation salariale, a-t-elle rappelé. Depuis 2019, il a contribué jusqu’à hauteur de 30 millions de francs par an (chiffre 2023) à l'amélioration des salaires versés dans le secteur sanitaire parapublic vaudois (CCT-San). Un financement complémentaire pérenne est proposé par InvestPro.
Entre 2024 et 2027, ce programme nécessitera un investissement de 90 millions, dont 36 millions déjà au budget. Quelque 29 millions seront dévolus à la formation et à la promotion, 18 millions à la compensation de la pénibilité, 43 millions à la CCT-San. Les recettes en provenance de la Confédération sont estimées à 7,2 millions. La stratégie, ainsi que l'enveloppe supplémentaire de 46,8 millions prévue pour 2025-2027, devrait être validée par le Grand Conseil d'ici l'été.
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ats/ami