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Crise au sein de l'EVAM en raison de l'afflux de mineurs non accompagnés

La crise couve à l’EVAM, l’établissement vaudois d’accueil des migrants
La crise couve à l’EVAM, l’établissement vaudois d’accueil des migrants / 19h30 / 2 min. / le 30 janvier 2024
L'afflux de mineurs non accompagnés (MNA) provoque une crise au sein de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM). Un audit a été mené durant un an. Il doit livrer ses conclusions en fin de semaine, a appris la RTS.

Depuis quelques années, un certain malaise règne dans le domaine des mineurs non accompagnés à l’EVAM. Plusieurs membres des équipes de l'EVAM témoignent dans le 19h30 anonymement, par crainte de perdre leur emploi.

"On a l’impression qu’il n’y a plus de travail éducatif, mais juste de l’occupation pour rendre les jeunes autonomes le plus rapidement possible. Leur bien-être n’est que peu pris en compte", assure l'une de ces personnes.

"Un concept éducatif avait été mis en place, mais il a été rapidement abandonné. On ne fonctionne désormais plus qu’avec des marches à suivre", indique une autre.

"Il y a énormément d’arrivées, l’EVAM ouvre des structures à tour de bras et engage très facilement. Les équipes changent souvent, les MNA n’ont pas le temps de créer des liens", déplore une troisième personne.

Neuf fois plus de MNA

En cinq ans, les mineurs non accompagnés pris en charge par l’EVAM sont neuf fois plus nombreux. Leur nombre a atteint 382 en 2023. Résultat, l’institution a dû engager rapidement et en nombre. Les équivalents plein temps ont été multipliés par six.

Il est difficile de gérer de tels afflux en si peu de temps. Face aux tensions, le canton de Vaud a lancé un audit d’un an en automne 2022.

"Cela nécessite une réponse commune entre l'EVAM et la protection de la jeunesse. Jusqu'à présent, personne n'a dormi dehors. Nous nous sommes vraiment occupés de tous ces jeunes", a déclaré la conseillère d'Etat Isabelle Moret.

"Mais maintenant, il faut vraiment pouvoir réfléchir sur le long terme avec une réponse plus structurée. Voilà pourquoi il était nécessaire, pour mon collègue [Vassilis] Venizelos et moi-même, de lancer cette vaste analyse et de venir avec un plan d'action", ajoute l'élue PLR.

Le SSP "très en colère"

Le Syndicat des services publics (SSP) a eu un accès partiel aux résultats de l’audit. "Nous sommes soulagés que cette voix puisse enfin se faire entendre", indique Letizia Pizzolato, secrétaire syndicale au SSP.

Mais à ses yeux, la situation n'est pas satisfaisante pour autant: "Nous sommes aussi très en colère parce que, finalement, ce qui est mentionné dans ce rapport, c'est la situation qu'on a déjà connue en 2016 et 2017 et que nous avions déjà portée à la connaissance du canton", lance-t-elle.

"Des enfants ont pâti de ce système. Il y a aussi des professionnels qui ont été atteints dans leur santé et qui ont préféré quitter [leur emploi]. Aujourd'hui, les équipes sont dévastées", souligne-t-elle encore.

Contacté par la RTS, l’EVAM ne souhaite pas commenter pour le moment. Le canton, lui, devrait présenter en fin de semaine les résultats de l’analyse et son plan d’action. En 2024, le nombre de mineurs non accompagnés devrait encore augmenter.

Léandre Duggan/ami

>> Sujet diffusé dans le 19h30 de la RTS mardi

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Nouvelle stratégie pour les lieux de vie

Pour faire face à leur afflux, l'EVAM loge désormais les MNA dans des appartements éducatifs, en plus de ses deux foyers et de ses appartements de transition. L'institution a ouvert six nouvelles structures d'appartements en 2022 et onze en 2023.

Aujourd'hui, les 382 mineurs non accompagnés pris en charge par l’EVAM sont répartis dans deux foyers et 17 appartements éducatifs et de transition.

Dans les appartements, "les jeunes doivent gérer leur budget, la cuisine, le ménage et leurs devoirs. alors qu’ils n'ont que 15-16 ans", témoigne une éducatrice de l’EVAM. "Parce qu'ils ont réussi à venir jusqu'ici seuls, on oublie que ce sont des enfants, des mineurs."

En 2016, la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales a rappelé que "les enfants et les jeunes mineurs non accompagnés relevant du domaine de l’asile restent avant tout des personnes mineures qui ne doivent pas être traitées de facto comme des adultes".