A Morges, un espace inédit et gratuit pour la prévention du burn-out
En Suisse, près d'une personne sur quatre est stressée au travail, avec un risque accru de burn-out, alerte l'Office fédéral de la statistique. Convaincue qu'il vaut mieux prévenir que guérir, l'association Kerma propose un espace d'accueil et d'écoute au centre de Morges pour les personnes touchées par le burn-out.
Le centre de prévention Kerma est unique en Suisse romande. Ouvert depuis mars 2024, il est dédié aux personnes touchées par le burn-out, qu’il soit parental ou professionnel.
Bruno, 59 ans, employé dans la branche de l'alimentation, fait partie de ces épuisés du travail qui ont décidé de pousser la porte de l'association pour demander de l'aide. "J'étais fatigué, j'avais des douleurs dans la nuque, j'avais envie de ne rien faire le soir (...) Il fallait que je fasse quelque chose", témoigne-t-il lundi au micro du 19h30.
Sans rendez-vous
Grâce à l'aide de l'association, Bruno a pu réapprendre à écouter son corps et suit scrupuleusement les conseils des bénévoles de l'association. "A partir de 17 heures, je ne regarde plus mes e-mails. C'est un petite astuce avec un grand effet. J'essaie de garder ce rythme là, de simplement ralentir (...) Je revis".
Dans des situations d'épuisement, la moindre tâche supplémentaire peut s'avérer difficile. Là, les gens peuvent venir sans rendez-vous
Mais Bruno est loin d'être le seul à avoir frappé à la porte de l'association, explique Sandra Manini, directrice de Kerma. "On a énormément de demandes et on voit que l'association répond à un réel besoin. Dans des situations d'épuisement, la moindre tâche supplémentaire peut s'avérer difficile. Là, les gens peuvent venir sans rendez-vous et il y a toujours quelqu'un pour les accueillir", explique-t-elle dans le 19h30.
Accueillir et aiguiller les victimes de burn-out
Nadia Droz, psychologue spécialisée en santé au travail, accompagne les personnes victimes de burn-out. Elle s'alarme des chiffres du stress au travail en constante augmentation depuis dix ans.
"On n'est pas du tout prévu pour vivre du stress chronique (...) On est en train de mettre notre physiologie à mal et on n'est pas prévu pour ça". La psychologue préconise des zones de récupération et de calme où l'on puisse redescendre de ces phases de stress aigu.
Sujet TV: Fanny Moille
Texte: hkr
Publié Modifié
Le "burn-on", cette autre forme du burn-out
Si depuis dix ans, la proportion de personnes stressées au travail ne cesse d'augmenter, les personnes concernées sont très souvent dans le déni. Quelque 53% des personnes stressées sont épuisées émotionnellement, souligne l'Office fédéral de la statistique.
Les spécialistes de la santé mentale parlent alors de "burn-on": la personne souffre de surmenage et de stress permanent mais continue à travailler comme si tout allait bien. Ce burn-on peut conduire à un burn-out mais dans tous les cas, les conséquences sur la santé sont délétères: troubles du sommeil, douleurs musculaires et augmentation des risques cardio-vasculaires.
Responsabilité des employeurs
La prise de conscience passe souvent par les amis et la famille qui tirent la sonnette d'alarme. Mais les entreprises ont également un rôle à jouer dans la prévention et l'organisation du travail. Cela d'autant plus avec l'avènement des nouvelles technologies qui brouillent les frontières entre vie privée et vie professionnelle.
Derrière l'enjeu de santé publique, il y a également un enjeu économique. Et pour cause: le stress coûte chaque année près de 6,5 milliards aux entreprises, estime le Job Stress Index. Employeurs, employés et professionnels de la santé sont donc tous concernés par cette épidémie silencieuse.
>> Ecouter les explications de Fanny Moille :
