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Affaire Mike Ben Peter: l'avocat de la famille exige une condamnation des policiers

Fabiano Citroni revient sur le 3ème et dernier jour du procès des six policiers jugés à Renens après la mort de Mike Ben Peter
Fabiano Citroni revient sur le 3ème et dernier jour du procès des six policiers jugés à Renens après la mort de Mike Ben Peter / 12h45 / 1 min. / le 3 juillet 2024
Au dernier jour du procès en appel des six policiers lausannois dans l'affaire du décès de Mike Ben Peter, l'avocat de la famille a demandé à la Cour de les condamner pour homicide par négligence et abus d'autorité. Ils avaient été acquittés en première instance.

"Il doit y avoir un verdict de culpabilité pour "rendre justice pour Mike Ben Peter", a déclaré mercredi Me Simon Ntah, debout à côté de la veuve et du frère de la victime, dans la salle d'audience cantonale de Renens. "Si les policiers avaient bien fait leur travail, il ne serait pas mort", a-t-il plaidé. "C'est l'abus d'autorité qui a tué Mike", a-t-il ajouté.

L'avocat des plaignants est longuement revenu sur l'arrestation musclée du Nigérian, alors âgé de 39 ans, le soir du 18 février 2018 lors d'un contrôle antidrogue à proximité de la gare de Lausanne. Il a remartelé que les agents avaient agi "de manière disproportionnée et avait fait usage excessif de la violence", rappelant les coups aux parties génitales et aux côtes, le recours au spray au poivre, les clefs de bras et de jambes et enfin le plaquage ventral au sol.

"Tout ça pour un sachet de cannabis jeté au sol juste avant l'interpellation", a-t-il insisté plusieurs fois.

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Plaquage ventral et cris

Il s'est aussi focalisé sur cette question du plaquage ventral. Citant le manuel suisse de police, il a relevé qu'il y avait "un danger à laisser une personne en position ventrale forcée". Selon lui, le manuel enseigne de mettre immédiatement la personne sur le côté ou assise après le menottage, et sans appréciation de la situation. "Les policiers ont donc commis une faute", a-t-il plaidé.

Il est ensuite revenu également sur les cris durant le maintien au sol de Mike Ben Peter. "Qu'est-ce que pouvait ressentir Mike après avoir reçu autant de coups, du spray, la tête et le ventre contre le sol, le triceps écrasé? A part de la peine et de la douleur, il n'y a rien d'autre", a-t-il clamé.

Selon lui, il y a une contradiction "inconciliable" entre six témoins dans le quartier parlant de "cris de souffrance, de détresse, d'agonie", et les policiers qui évoquent des "sons audibles, mais pas si forts, des cris d'efforts, oppositionnels". "Dans le vrai monde, dans la vraie vie, ça s'appelle de la souffrance et de la détresse", s'est encore exclamé Me Ntah.

>> Ecouter aussi le sujet dans La Matinale :

Affaire Mike Ben Peter: l'avocat de la famille exige une condamnation des policiers. [KEYSTONE - VALENTIN FLAURAUD]KEYSTONE - VALENTIN FLAURAUD
Affaire Mike Ben Peter: l'avocat de la famille exige une condamnation des policiers / La Matinale / 1 min. / le 4 juillet 2024

Statu quo du Ministère public

Prenant la parole dans la foulée de l'avocat, le procureur du Ministère public Laurent Maye a, en revanche, demandé de rejeter tous les appels et, donc, d'acquitter les prévenus de l'homicide par négligence, comme en première instance, et l'abus d'autorité, chef d'accusation rajouté par le Tribunal cantonal.

S'agissant du premier chef d'accusation, qu'il avait déjà laissé tombé en première instance, il estime toujours que le plaquage ventral ne peut pas, à lui seul, expliquer la mort de Mike Ben Peter. Le procureur s'est à nouveau appuyé sur les expertises médico-légales effectuées. Pour lui, le fameux "lien de causalité", nécessaire pour pouvoir conclure à un homicide par négligence, est "rompu", fait donc défaut.

"Violation des règles de prudence"

Le procureur reconnaît tout au plus "une violation des règles de prudence qu'il estime fautive" des policiers lorsqu'ils ont menotté et maintenu trop longtemps la victime sur le ventre, soit environ trois minutes dans cette position avant qu'elle perde connaissance. Or, il est enseigné aux policiers que ce type de plaquage ventral est risqué et qu'un changement de position doit intervenir rapidement.

Quant à l'abus d'autorité, il n'y a rien au dossier qui permette de retenir un contrôle raciste au faciès, des moyens utilisés totalement disproportionnés, un usage excessif de la force, une intention gratuite, sans raison, sans but, de nuire à autrui, a argué en substance le magistrat.

Les plaidoiries se poursuivent l'après-midi avec celles des avocats de la défense des six policiers. Verdict attendu lundi.

ats/vajo

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