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Apprendre le combat de gladiateurs tout en luttant pour la "vérité historique"

Une école vaudoise initie au combat de gladiateurs: interview de Jan Fantys. [RTS]
Une école vaudoise initie au combat de gladiateurs: interview de Jan Fantys / Forum / 12 min. / hier à 18:00
Un enseignant passionné d'arts martiaux donne aux plus de 14 ans des cours d'initiation au combat de gladiateurs. Ces cours uniques en Suisse romande permettent de faire découvrir la "vérité historique" tandis que le cinéma a tendance à "instruire de manière erronée", avance-t-il dans Forum.

Ce "ludus", comme l'appelle Jan Fantys, directeur de cascades et enseignant, est une école de gladiateurs qui s'appuie sur l'"archéologie expérimentale", sur "ce qu'on trouve", indique ce passionné par les arts martiaux sur le plateau de Forum vendredi.

L'enseignant, qui n'accepte que les passionnés de 14 ans et plus, met en exergue "le côté sportif", l'"expérimental" en permettant d'essayer les équipements propres à chaque gladiateur (NDLR: les armaturae), et la volonté de "proposer à des gens qui ont par exemple pratiqué la lutte gréco-romaine de nous rejoindre pour monter des combats". Il espère ainsi pouvoir "un jour les présenter dans les arènes d'Avenches".

A noter que les jeunes de moins de 14 ans qui souhaitent s'initier peuvent commencer par un "cursus plus standard d'escrime artistique et d'escrime historique", précise Jan Fantys dont les initiations sont dispensées au collège de Prélaz à Lausanne.

Quelques traces

"Il n'y a pas de manuels de gladiature, mais il y a des textes qui y font référence, environ 1600 images (...), quelques objets et un certain nombre de recherches, notamment sur l'alimentation", détaille-t-il.

Les gladiateurs cherchaient à être gros

Jan Fantys, directeur de cascades et enseignant

Ces recherches, poursuit-il, "ont permis de découvrir (...) que les gladiateurs étaient végétariens et mangeaient surtout de l'orge. En fait, ils cherchaient à être gros. Il n'y avait pas du tout ce côté 'musclor'". Cela s'explique, selon lui, par le fait que "la graisse sous-cutanée permet de protéger les muscles et les nerfs des coupures."

Contrairement à ce qu'on pense, "la viande n'est pas si grossissante que ça. Elle donne la protéine pour monter les masses musculaires, mais pas la graisse sous-cutanée", poursuit Jan Fantys, qui ajoute qu'"un écrivain romain les appelait 'les mangeurs d'orge'".

"Le cinéma instruit exprès les gens de manière erronée"

Cette idée d'école de gladiateurs traduit son "intérêt absolument gigantesque pour l'Histoire", explique Jan Fantys . "Malheureusement, le cinéma (...) a fait le choix d'instruire les gens de manière erronée. Et moi, ça m'a toujours un petit peu gêné et j'ai toujours eu envie de découvrir la vérité historique".

L'invité de Forum, qui est venu avec deux élèves pour montrer un combat, relève par exemple qu'en réalité "très peu de gladiateurs sont morts dans l'arène" puisqu'il ne leur fallait que "3 minutes 50, 4 minutes maximum" pour tomber "en hypoxie". Donc "les gladiateurs ne combattaient pas très longtemps", souligne-t-il. "Les combats s'arrêtaient par l'épuisement ou par la blessure." En outre, il ne faut pas oublier que "c'étaient des sportifs qui étaient très chers".

L'image du gladiateur continuellement massacré est complètement fausse

Jan Fantys, directeur de cascades et enseignant

"L'image du gladiateur continuellement massacré est complètement fausse", résume-t-il encore. Mais "il y en a quelques uns qui ont été égorgés parce qu'il combattait mal. Ça, ça pouvait arriver, bien sûr", concède Jan Fantys.

Concernant le récent "Gladiator 2", Jan Fantys juge que "c'est un film d'entertainment et de divertissement, mais on est très loin du réalisme des gladiateurs".

>> Pour aller plus loin sur le cinéma qui ne relate pas toujours bien les faits historiques, lire : Une série Netflix révisant l'archéologie accusée de fraude intellectuelle

Propos recueillis par Mehmet Gultas et Renaud Malik

Article web: Julie Marty

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