Avec les chaleurs de ces derniers étés, le bostryche fait des ravages dans le canton de Vaud
Emblématiques du Jura vaudois, les épicéas sont aux abois. Dans la vallée de Joux, nombre de ces colosses d’une quarantaine de mètres dessèchent littéralement sur pied. Le coupable: un ravageur de quelques millimètres.
"Ici, on voit toutes les galeries percées par le bostryche dans l’arbre. Avec encore l’insecte ici", explique dans le 12h45 Yvan Riesenmey, entrepreneur forestier à BMEF SA, en analysant l'intérieur d'un morceau d'écorce d'un des troncs fraîchement coupés par ses employés.
Propagation rapide
Abattre les arbres infestés demeure la seule manière efficace de lutter contre le ravageur. Or, le manque d’eau et les chaleurs de ces dernières années ont accéléré la propagation de l’épidémie. "On se rend compte qu’on intervient davantage après l’attaque que pendant, vu la quantité qu’il y en a actuellement", poursuit Yvan Riesenmey.
Sur certains secteurs, on peut dire que le combat contre le bostryche est perdu.
Depuis deux ans, son entreprise et sa trentaine d’employés consacrent tout leur temps à lutter contre le bostryche. Or, force est de constater que c'est insuffisant. "Il faudra voir comment ça évolue dans le temps. Mais sur certains secteurs, on peut dire que le combat est perdu", déplore Yvan Riesenmey.
Preuve que le canton de Vaud est particulièrement touché, le nombre d’arbres abattus y a été multiplié par 10 entre 2021 et 2024 (graphique ci-dessous).
Coloration bleutée
Une partie de ce bois se retrouve à la scierie Dutoit, située dans la plaine de l’Orbe. Comme l'explique son directeur Gérard Dutoit, la trace du bostryche se traduit par une coloration légèrement bleutée du bois, due à un champignon qui s’installe après les attaques du coléoptère.
"Ici, on voit typiquement le bois bleu du bois bostryché, et la partie blanche qui est du bois de bonne qualité. On perd des fois 20 à 30% de bois à cause du bois bostryché", déplore-t-il, ajoutant qu'il ne s'agit que de marques esthétiques. "Le bleu n’enlève aucune capacité mécanique au bois. Il peut donc être utilisé dans la construction aussi bien que le bois sain."
Ecouler cette matière première légèrement colorée, c’est tout l’enjeu pour la filière du bois suisse, déjà soumis à une forte concurrence étrangère. Pour montrer l’exemple, le Conseil d’État vaudois a récemment décidé d’utiliser du bois bleu dans plusieurs constructions en cours.
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Yoan Rithner/fgn