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Deux ministres vaudois promettent de mieux coopérer face aux attaques de loups dans le canton

Les ministres vaudois Valérie Dittli et Vassilis Venizelos. [RTS]
Les ministres vaudois Valérie Dittli et Vassilis Venizelos. - [RTS]
Dans une action choc, des éleveurs vaudois ont manifesté leur colère samedi contre les attaques de loups qui se multiplient. Invités à réagir sur les antennes de la RTS, les deux ministres principalement concernés par le dossier se disent sensibles à leur désarroi et assurent que le canton cherche des solutions.

Un éleveur a déposé samedi plusieurs cadavres de moutons, retrouvés morts le matin même, devant le siège du Conseil d'Etat vaudois à Lausanne. D'autres se sont joints à sa démarche pour protester contre les attaques de loups.

>> Lire à ce sujet : Des moutons morts déposés devant le siège du gouvernement vaudois pour protester contre le loup

De plus en plus prégnante et émotionnelle dans le canton, la question du loup concerne principalement deux départements du Conseil d'Etat vaudois: celui de l'Agriculture, aux mains de la centriste Valérie Dittli, et le département de l'Environnement, tenu par l'écologiste Vassilis Venizelos.

Des agriculteurs déchargent des moutons tués pendant la nuit par un loup. [Keystone]
Des agriculteurs déchargent des moutons tués pendant la nuit par un loup. [Keystone]

"On a mis en place un plan d'action en deux volets. D'un côté, la protection des troupeaux, qui est de ma responsabilité. Et de l'autre côté, la régulation. De mon point de vue, il est essentiel de trouver un équilibre entre les deux, car l'un ne fonctionne pas sans l'autre", a résumé Valérie Dittli dans le journal de 19h30.

Il faut qu'on trouve un équilibre entre la protection des troupeaux et la régulation. L'un ne fonctionne pas sans l'autre

Valérie Dittli

Selon elle, le canton recherche précisément cet équilibre. "On est en train de tout mettre en place pour l'adapter au niveau de la protection des troupeaux. Mais on constate quand même qu'on a atteint nos limites", souligne-t-elle aussi. Elle note que les tests de colliers à phéromones se sont avérées inefficaces pour protéger les bêtes, mais que le canton travaille actuellement sur un nouveau programme de chiens de protection.

Colère, impuissance et difficultés entendues

"En tant que fille d'agriculteurs, j'ai beaucoup de compassion pour ces éleveurs qui perdent des animaux à cause du loup. Ce sont des moments très douloureux dans la vie d'un agriculteur, d'un berger ou d'une bergère [...] Je comprends leur colère et leur impuissance", rappelle l'élue du Centre. Selon elle, le loup devient donc "un sujet extrêmement difficile mais pas ingérable".

>> Ecouter l'interview de Valérie Dittli dans le 19h30 :

Le point sur la gestion du loup dans le canton de Vaud avec Valérie Dittli, conseillère d’État en charge de l’agriculture
Le point sur la gestion du loup dans le canton de Vaud avec Valérie Dittli, conseillère d’État en charge de l’agriculture / 19h30 / 4 min. / le 6 avril 2024

"Les agriculteurs sont soumis à une forte pression sur les prix. Il y a l'impact du réchauffement climatique, et maintenant le retour du loup qui vient chambouler des équilibres qui ont été construits sur des décennies dans l'économie alpestre", a également constaté son collègue Vassilis Venizelos dans l'émission Forum.

Face au reproche d'avoir été trop "laxiste" en matière d'autorisation d'abattage de loups, il rétorque que "cinq décisions de tir ont été prises, cinq loups ont été tués", précisant qu'il y a aussi eu un tir de prévention. "Nous avons exploité toute la marge de manoeuvre offerte par le droit fédéral", plaide-t-il.

Chasseurs "pas formés" pour ça

Vassilis Venizelos concède néanmoins une "hésitation sur le fait d'éradiquer complètement une meute" et se dit prêt à "tenir compte de la nouvelle orientation" du Conseil fédéral et de l'Office fédéral de l'environnement. Tout en rappelant, lui aussi, que l'abattage n'est pas la seule réponse. Mais aussi que le loup "ne peut pas être tenu responsable de tous les maux liés à l'économie alpestre".

Les chasseurs vaudois n'ont pas été formés pour réguler le loup

Vassilis Venizelos

Interrogé enfin sur la possibilité d'intégrer les chasseurs aux tirs du loup, qui tardent parfois, le ministre rappelle que les chasseurs vaudois "n'ont pas été formés pour ce type de régulation". Il dit plutôt vouloir s'appuyer sur les quelque 80 auxiliaires du canton pour aider les gardes-faune. "Aujourd'hui, c'est surtout la localisation des individus, extrêmement mobiles, qui rend la tâche compliquée", précise-t-il.

>> Ecouter l'interview de Vassilis Venizelos dans Forum :

Vassilis Venizelos, Conseiller d'Etat vaudois. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]KEYSTONE - Jean-Christophe Bott
Moutons morts déposés à Lausanne pour protester contre le loup: interview de Vassilis Venizelos / Forum / 7 min. / le 6 avril 2024

Pierrik Jordan

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Entre défenseurs du loup et éleveurs, un dialogue difficile mais possible

Si le loup exaspère, ses défenseurs sont peut-être encore plus la cible de la colère des éleveurs. L'un d'eux a accepté de rencontrer l'un de ces "militants pro-loup" devant une caméra de la RTS, sur son exploitation de Saint-Barthélémy, dans le Gros-de-Vaud.

S'ils prennent le temps de s'écouter, les deux hommes ont un regard diamétralement opposé. "On a en marre de ce loup, il n'a rien à faire ici, on n'a pas le territoire pour", clamait l'éleveur Jules Jeanneret samedi au micro de la RTS. "Le loup est de retour et nous allons devoir vivre avec. Il n'est pas question de l’éradiquer", répond Yves Bongard, membre fondateur d'Avenir Loup Lynx Jura.

En théorie, les mesures de protection sont simples. Mais bien plus dures à mettre en pratique, principalement sur le plan financier. "On ne peut pas payer un berger pour 32 animaux!", s'agace Jules Jeanneret. Et en plaine, il est difficile de faire cohabiter les riverains avec des chiens de protection.

Tout le monde s'accorde toutefois sur un point: les éleveurs ont besoin de soutien pour composer avec le prédateur en terres vaudoises.

>> Le reportage de Pascale Defrance dans le 19h30 :

Rencontre à Saint-Barthélemy (VD) entre un éleveur de moutons et un défenseur du loup
Rencontre à Saint-Barthélemy (VD) entre un éleveur de moutons et un défenseur du loup ** / 19h30 / 2 min. / le 7 avril 2024

** Précision de la rédaction : Dans le reportage, Yves Bongard d’Avenir Loup Lynx Jura constate que la clôture électrifiée n’atteint pas les "1m30 standard". Cette affirmation est inexacte: la protection de base recommandée par la Confédération est de 90 cm. Cette hauteur fait débat, puisque le Grand Conseil vaudois étudie par exemple un rehaussement à 1m10 ou 1m20.