![Réouverture imminente du foyer pour adolescents MDJ Valmont. [RTS]](https://img.rts.ch/articles/2024/image/49pivm-28662797.image?w=1280&h=720 "Réouverture imminente du foyer pour adolescents MDJ Valmont. [RTS]")
Fermé en raison d'un manque d'éducateurs, le foyer vaudois pour adolescents en rupture va rouvrir
Fermé il y a un an, le foyer pour adolescents en rupture MDJ Inter Val va rouvrir ses portes prochainement, mettant fin à une fermeture controversée qui avait fait grand bruit. La structure bénéficiera d'un nouveau nom - MDJ Valmont - et d'un concept pédagogique revisité.
Depuis mi-octobre 2023, l'institution vaudoise dédiée aux adolescents en rupture avait été contrainte de fermer en plusieurs phases, pour finalement suspendre toutes ses activités au 11 novembre de la même année.
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Cette décision qui avait fait grand bruit avait été motivée notamment par un manque criant d'éducateurs spécialisés, alors que le nombre d'adolescents en grande difficulté ne cessait d'augmenter et que les places d'accueil devenaient de plus en plus rares.
Revalorisation des salaires
Face à cette situation alarmante, le canton a mis en œuvre des mesures significatives, notamment la revalorisation des salaires afin d'attirer et de maintenir le personnel éducatif.
La transformation la plus marquante concerne le mode d'encadrement des jeunes. "Nous avons travaillé avec des lieux de vie sécurisés, mais avec des chambres où ils ont l'autonomie d'y entrer et sortir. Le fait qu'elles soient ouvertes permet de ramener le jeune dans une forme de normalité", explique Christophe Berthet, le directeur de l'association qui gère le site La Maison des Jeunes, mardi dans La Matinale de la RTS.
Six adolescents au départ
Ce changement de philosophie s'accompagne d'un nouveau nom: MDJ Valmont, un clin d'œil à l'histoire de l'institution, qui était longtemps connue sous le nom de centre de Valmont.
Ce nouveau départ a nécessité des travaux d'aménagement et une formation approfondie des équipes. "Nous avons travaillé sur comment appréhender la violence, éviter la violence pour se protéger, mais aussi protéger les jeunes de leur propre réaction", souligne Christophe Berthet.
La date exacte de réouverture n'est pas encore confirmée, mais selon Christophe Berthet, cela devrait être imminent, avec un personnel au complet à partir du 1er novembre. Dans un premier temps, le foyer pourra accueillir six adolescents pour des séjours de moyenne durée.
Camille Besse/vajo/fgn
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Le foyer MDJ Valmont doit représenter "un temps d’arrêt, pas une maison d’arrêt"
Invité de La Matinale mardi, Philippe Stephan, médecin spécialiste en psychiatrie adolescente, qui a longtemps collaboré avec le foyer MDJ Inter Val avant qu'il ne ferme, se réjouit de sa réouverture, et surtout de son nouveau concept pédagogique.
Jusqu'à sa fermeture en 2023, le centre, qui accueillait des jeunes la plupart du temps en rupture totale avec leur environnement, n'hésitait pas à enfermer les adolescents à clé dans leur chambre, explique Philippe Stephan. Cela s'expliquait par une "période assez spéciale" où la gestion des adolescents en crise nécessitait des mesures strictes, car "pendant un certain temps, les adolescents n'avaient pas d'autres lieux où être arrêtés dans leur dérive, souvent destructrice".
Palette de possibilités
Mais la création de nouveaux établissements, comme celui de détention pour mineurs "Aux Léchaires" à Palézieux en 2013, et l'ouverture d'un centre fermé axé sur le soin permettent désormais une prise en charge plus adaptée des jeunes. Aujourd'hui, "il existe une palette de maisons et de possibilités permettant de mieux protéger les adolescents de leur propre comportement", salue le psychiatre, insistant sur le fait que Valmont doit être "un temps d'arrêt, pas une maison d'arrêt".
Même si les chambres ne seront plus fermées à clé, les espaces communs le seront toujours. "Parfois, il y a une sorte d'inflation relationnelle chez les adolescents en crise, et le fait que certains espaces soient fermés les empêche de se confronter à l'autre", explique Philippe Stephan. "Être face à un mur fait baisser la tension", ajoute-t-il.
Certains adolescents peuvent percevoir leur passage à Valmont comme valorisant, y voyant une forme de fierté ou une "médaille". Cependant, Philippe Stephan souligne que la majorité d'entre eux ne reviennent pas au foyer, confirmant ainsi l'efficacité du travail réalisé.
Temporalité de la prise en charge
Concernant la durée des placements, Philippe Stephan estime qu'à Valmont, les séjours doivent rester temporaires. Toutefois, dans d'autres foyers, les séjours peuvent être plus longs, ce qui est souvent nécessaire. "L'adolescence est une période où la temporalité change beaucoup, et notre société va de plus en plus vite", observe-t-il. La pression pour réduire la durée des séjours est constante, mais il rappelle l'importance de "laisser plus de temps à ces jeunes".
Malgré les difficultés inhérentes à la gestion des adolescents en crise, Philippe Stephan reste convaincu que le centre de Valmont joue un rôle crucial dans leur protection et leur développement. Contrairement à ce qui peut arriver dans certaines prisons pour adultes, il affirme que "les jeunes ne sortent pas pire qu'ils ne sont entrés".
>> L'interview complète de Philippe Stephan :
