Avec près de 60 services, une douzaine de départements et quelque 12'000 employés, "le CHUV n'est pas opaque, il est compliqué", estimait en octobre dernier Nicolas Demartines, directeur général ad interim du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Pour faire fonctionner cette institution tentaculaire, il faut des forces, certainement, mais aussi une direction claire. Mais depuis le départ surprise, en 2022, du directeur Philippe Eckert pour "divergences de vue sur la conduite de l'institution", ce paquebot a affronté plusieurs tempêtes.
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Primes et promotions abusives
L'hôpital fait notamment face à des problèmes financiers. Après un déficit de 3,4 millions de francs en 2023 (sur un budget annuel de 1,9 milliard), le CHUV vise un retour à l'équilibre en 2028 grâce à un plan d'action nommé "Impulsion" présenté en octobre dernier.
Et le 23 novembre, deux audits et une enquête administrative ont révélé des dysfonctionnements dans le processus de rémunération au sein de la Direction des ressources humaines (DRH) du CHUV. La DRH, par rapport à d'autres secteurs de l'hôpital universitaire, s'est vu attribuer "davantage de promotions, de primes, d'indemnités, (...) et ceci de manière significative", indique le rapport.
"On agit"
"Dans la vie d'une institution de 12' 000 personnes, il y a tous les jours des situations, des problématiques RH, des conflits entre personnes difficiles à prévoir (...). Mais lorsque les problèmes se posent, eh bien on agit", souligne la conseillère d'Etat Rebecca Ruiz sur le plateau du 19h30. Elle en veut pour preuve l'enquête diligentée à la suite des irrégularités relevées à la direction des ressources humaines (DRH).
Le CHUV étant un hôpital public, "il se doit de faire preuve de transparence", insiste encore la cheffe du Département de la santé. Cette dernière regrette cependant que "cette transparence soit instrumentalisée par les gens qui veulent affaiblir" l'institution.
"La qualité des soins n'a jamais été remise en question", assure encore l'élue socialiste. Le CHUV se classe régulièrement dans la liste des meilleurs hôpitaux, "et ce n'est pas pour rien. C'est parce qu'on a ces hommes et ces femmes qui se lèvent le matin et le font avec beaucoup d'engagement", défend Rebecca Ruiz.
Nouvelle directrice désignée
Nommée jeudi, c'est une nouvelle venue – Claire Charmet – qui est chargée de redresser la barre. Le Conseil d'Etat vaudois a désigné à l'unanimité celle qui préside actuellement le collège des directions du Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) et le site de La Chaux-de-Fonds.
"Nous avons été très impressionnés par son parcours professionnel – quinze ans de gestion hospitalière en ayant occupé différentes fonctions – et son intelligence", explique la conseillère d'Etat socialiste.
Propos recueillis par Jennifer Covo
Adaptation web: Doreen Enssle