La mise à l’enquête de l'édifice s'est achevée jeudi, plus de 10 ans après la validation du projet en votation par la population de Chavannes-près-Renens. Mais après des années d'attente et de complications, la future tour n'a pas fini de faire parler d'elle. Certains citoyens et élus doutent de la durabilité de son manteau végétal: une surface verte de 1293 mètres carrés, dotée de 152 arbres et grands arbustes.
Tantôt curieux, tantôt sceptiques, les visiteurs de l'espace d'information sur la Tour des Cèdres, proposé par le groupe Orllati à Chavannes-près-Renens, s'interrogent sur cette forêt en hauteur.
Arrosage obligatoire
Chez les opposants, on pointe du doigt l'arrosage du lieu. Car qui dit arbre, dit risque d'incendie en cas de manque d'eau. "Il va falloir arroser en continu ces arbres, même en cas de sécheresse, avec de l'eau potable", critique Bertrand de Rham, élu communal vert et membre de l'association Bien Vivre à Chavannes, dans La Matinale. Même si le projet prévoit la récupération d'eau de pluie pour arroser les arbres, le réseau d'eau de la commune sera mis à contribution en cas de manque.
Le site internet d'Orlatti défend lui "une végétalisation (...) qui favorise l'augmentation de la biodiversité". Il explique avoir choisi des essences qui supportent les conditions climatiques de la région. "Elles sont durables, résistantes, exigent peu de ressources pour leur conservation", peut-on lire.
Et Sébastien Ohl, le directeur immobilier du Groupe Orllati, défend aussi ses arbres: "Ce n'est pas que de l'esthétisme. Et construire en hauteur permet de dégager deux hectares de terrains au pied de la tour." Un parc public est aussi prévu au pied de la tour. "Depuis 2014, on y fait pousser des végétaux. On est très fiers, même sur des dalles béton, d'avoir des arbres qui poussent très bien, avec ce qu'il faut en termes de terre", explique-t-il.
cb/made
Les tours végétales, vraiment durables?
Dans La Matinale, Thomas Jusselme, professeur en efficacité énergétique à la Haute école d’architecte et d’ingénieur de Fribourg et spécialiste du bilan carbone des constructions, explique: "La durabilité dans la construction est définie par beaucoup d'objectifs différents. On résume beaucoup cela en ce moment à la question du réchauffement climatique, mais il y a aussi des questions de biodiversité, de ressources en eau. Toutes les dimensions environnementales mais aussi sociales, économiques."
Pour la tour de Chavannes-près-Renens, il analyse: "On a typiquement un projet qui, pour la question du climat, marque des points sur l'atténuation des effets de chaleur urbains. Mais en contrepartie, on ne sait pas vraiment si on peut se le permettre au niveau des émissions de gaz à effet de serre pour sa construction."
Pour Thomas Jusselme, le secteur de la construction ne pourra pas se passer d'efforts supplémentaires pour limiter son impact environnemental: "Le secteur de la construction est le principal contributeur des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale."
Pour cela, la notion de budget carbone est indispensable selon l'expert: "C'est un peu comme si un maître d'ouvrage donne à son équipe d'architectes un budget en francs. Cela va bientôt paraître évident également qu'il va falloir respecter un budget carbone maximum."